La compagnie nationale Air Sénégal, symbole d’un nouvel envol pour l’aviation sénégalaise à sa création en 2017, traverse une zone de turbulences d’une intensité rare. Sur fond de soupçons de mauvaise gouvernance, d’achats d’avions jamais exploités et d’endettement massif, le Premier ministre Ousmane Sonko a été contraint d’intervenir pour tenter de remettre la structure sur pied.
Air Sénégal avait été lancée pour redorer le blason de l’aviation nationale, après la faillite de Sénégal Airlines. Mais sept ans plus tard, le constat est sévère. D’après une enquête du journal Le Témoin, un scandale financier entoure l’achat de cinq avions de type L410NG auprès du constructeur tchèque Omnipol. Ces appareils, quasiment absents du paysage du transport aérien commercial, auraient coûté une somme faramineuse à l’État sénégalais. Pourtant, ils n’ont jamais transporté un seul passager.
Acquis sous l’ancien régime, les avions ont ensuite été transférés à Air Sénégal au franc symbolique. Une opération qui, à première vue, pouvait sembler habile, mais qui s’est transformée en gouffre financier. Aujourd’hui, la dette de la compagnie dépasserait les 120 milliards de francs CFA, malgré un appui public de plus de 180 milliards depuis sa création. Face à la gravité de la situation, le Premier ministre Ousmane Sonko n’a pas tardé à réagir.
Conscient que le dossier cristallise à la fois les critiques sur la gestion passée et les attentes du changement promis, il a promis une revue complète de la gouvernance d’Air Sénégal. Un audit indépendant a été annoncé, et des mesures correctives sont à l’étude, incluant la possible restructuration de la direction, la révision des partenariats et la réévaluation de la flotte. Pour Sonko, ce dossier est doublement stratégique. Il s’agit non seulement de sauver une entreprise nationale en grande difficulté, mais aussi de montrer une certaine rupture avec des pratiques qui avaient la peau dure. La gestion d’Air Sénégal devient ainsi un test grandeur nature pour sa politique de transparence et de rationalisation des finances publiques.
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