Le député sénégalais Guy Marius Sagna a tenu à marquer son désaccord face aux déclarations du général américain Michael Langley, chef de l’US AFRICOM, qui avait mis en doute l’usage des ressources naturelles au Burkina Faso, insinuant qu’elles seraient captées au profit d’intérêts étrangers. Ces propos, prononcés devant une commission du Sénat américain, avaient déjà suscité une réaction officielle du Burkina Faso le mois dernier. Cette fois, c’est depuis l’ambassade burkinabè à Dakar que le parlementaire sénégalais a exprimé son indignation. Selon lui, ces accusations s’inscrivent dans une tradition d’ingérence masquée et d’hostilité envers les dynamiques politiques émancipatrices en Afrique de l’Ouest.
Reprochant à Langley d’être « un Noir utilisé pour combattre un Noir », Guy Marius Sagna a dénoncé une stratégie d’instrumentalisation où certains Africains sont employés comme relais des intérêts impérialistes, au détriment de leurs propres peuples. Il assimile ces méthodes à un schéma historique d’exploitation, dans lequel l’Afrique se voit assigner le rôle de simple fournisseur de matières premières, sans accès à la transformation locale ou au développement souverain.
Une solidarité panafricaine affirmée
Le parlementaire a profité de sa visite à la représentation diplomatique burkinabè pour remettre personnellement une lettre adressée au capitaine Ibrahim Traoré, qu’il qualifie de « frère » et de « camarade ». Dans ce courrier, il affirme son soutien à la politique actuelle menée au Burkina Faso, estimant que ce pays, aux côtés du Mali et du Niger, a entamé une phase cruciale de rupture avec le néocolonialisme. Il oppose la démarche de ces régimes à celle des militaires qui, selon lui, servent les intérêts des puissances extérieures, mettant ainsi en lumière une ligne de fracture entre les forces de souveraineté et les vecteurs de soumission.
Pour Sagna, les expériences de transition en cours dans l’espace AES ne peuvent être dissociées de celles d’autres pays africains engagés dans des luttes populaires, bien que les moyens diffèrent. Il évoque le cas du Sénégal, où la mobilisation citoyenne a permis l’alternance par les urnes, tout en précisant que dans d’autres contextes, l’absence de débouchés institutionnels a pu justifier une prise de pouvoir militaire. À ses yeux, les divergences de formes ne doivent pas masquer la convergence des objectifs : échapper à l’influence des puissances étrangères et reprendre le contrôle des choix économiques, politiques et culturels.
Repenser les alliances régionales
L’intervention de Guy Marius Sagna s’est également inscrite dans une réflexion plus large sur le rôle et l’utilité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il critique une organisation qu’il considère comme un relais des intérêts européens, notamment français. Pour lui, les décisions passées de la CEDEAO, comme l’adoption d’accords de partenariat économique ou les menaces de sanctions militaires contre des membres de l’AES, illustrent un alignement qui nuit à l’émancipation du continent.
Évoquant la politique actuelle du Sénégal, Sagna affirme espérer un repositionnement diplomatique sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye et le gouvernement d’Ousmane Sonko. Selon lui, l’arrivée au pouvoir de Pastef aurait pu, si elle avait eu lieu plus tôt, modifier le rapport de force régional, notamment au sein de la CEDEAO. Il note cependant que, malgré leur présence dans cette organisation, les autorités sénégalaises semblent ouvertes à une remise en cause de certains cadres existants, comme le franc CFA, qualifié de monnaie néocoloniale.
L’échange entre Guy Marius Sagna et l’ambassadeur burkinabè Sidou Maïga a été marqué par une convergence de vues sur la nécessité de laisser les peuples africains décider librement de leur destin, sans pressions extérieures. L’ambassadeur a remercié le député pour sa solidarité, tout en appelant à une compréhension des réalités sécuritaires qui imposent, selon lui, des mesures particulières de protection, y compris sur le plan médiatique.
Par ce geste politique et symbolique, Guy Marius Sagna s’inscrit dans une dynamique de soutien régional à la ligne défendue par les dirigeants de l’AES. Il alerte sur la nécessité pour les citoyens africains de faire preuve de discernement, en refusant les schémas imposés et en soutenant les projets qui, selon lui, redonnent sens à la souveraineté africaine.
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