La lutte pour les grands contrats d’infrastructures en Afrique oppose depuis longtemps des acteurs occidentaux à des entreprises asiatiques. Les sociétés européennes misent sur leur savoir-faire technique et leurs partenariats locaux, tandis que des groupes chinois bénéficient d’un soutien étatique et de stratégies globales pour répondre aux besoins du continent. Ce duel économique et technologique a souvent transformé chaque appel d’offres en une épreuve déterminante, avec des enjeux qui vont au-delà du simple aspect financier pour toucher aux domaines du transfert de compétences et de l’innovation. Ces rivalités trouvent aujourd’hui un écho dans le secteur ferroviaire marocain, où les décisions prises par l’Office national des chemins reflètent cette dynamique complexe.
Les choix de l’Office national des chemins
Dans le cadre d’un appel d’offres portant sur la production et l’entretien d’un parc de trains classiques sur vingt ans, l’Office national des chemins du Maroc a d’abord écarté le dossier présenté par le constructeur chinois CRCC, dont la proposition n’a pas satisfait aux exigences de compétitivité et de transfert de technologie. Cette décision rappelle que, dans bien des projets, la bataille se joue souvent entre les offres chinoise et française. Par la suite, le consortium mené par Alstom, épaulé par des partenaires européens et locaux, n’a pas non plus convaincu les évaluateurs, malgré sa solide présence sur le marché. Face à ces rejets, les propositions de Hyundai Rotem et de CAF se sont distinguées, Hyundai Rotem ayant notamment avancé un projet intégrant l’implantation d’une unité de production locale et le transfert de compétences.
Implications et perspectives pour l’industrie ferroviaire
Ce revirement met en lumière l’évolution des critères d’attribution sur un marché en mutation, où la compétitivité se mesure désormais à la capacité de proposer des solutions intégrées et adaptées aux réalités locales. Le revers subi par les candidats français et chinois s’ajoute à une série de défis pour ces acteurs dans leur quête de parts de marché en Afrique. En revanche, les offres du sud-coréen Hyundai Rotem et de l’espagnol CAF, en misant notamment sur l’implantation de structures de production et le transfert de technologie, démontrent une approche pragmatique susceptible de redéfinir les partenariats futurs dans le secteur ferroviaire. Ce dossier pourrait influencer les stratégies des industriels lors des prochains appels d’offres, en recentrant les priorités sur la création de valeur opérationnelle et le renforcement des compétences locales.
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