Ces dernières années, de nombreux pays ont significativement accru leurs investissements dans le secteur de la défense, motivés par des menaces multiformes et un contexte géopolitique de plus en plus incertain. En France, la question du financement des forces armées demeure centrale. Le président Emmanuel Macron a récemment évoqué la possibilité d’une nouvelle augmentation substantielle du budget militaire afin de renforcer les capacités stratégiques du pays.
Actuellement, les dépenses de défense françaises devraient atteindre 50,5 milliards d’euros en 2025, un montant conforme à l’objectif de 2 % du PIB fixé par l’Otan. Cependant, malgré cette hausse progressive, les forces armées souffrent encore des conséquences d’une longue période de sous-investissement. Le manque de certaines ressources clés, comme les frégates de premier rang ou une trentaine d’avions de combat, a été souligné par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. La détérioration du contexte sécuritaire international, en particulier avec la guerre en Ukraine, renforce la nécessité d’un effort budgétaire supplémentaire.
Lors d’une réunion avec les responsables de partis politiques à l’Élysée, Emmanuel Macron a avancé l’idée d’une augmentation potentielle du budget militaire pouvant atteindre 5 % du PIB. Cette hypothèse repose sur un scénario où les États-Unis réduiraient leur engagement en Europe au profit de la région Indopacifique, une évolution stratégique envisagée depuis plusieurs années. Une telle augmentation porterait le budget des armées à environ 130 milliards d’euros annuels, un niveau sans précédent qui soulève plusieurs interrogations sur la faisabilité d’un tel effort, notamment en matière d’industrialisation et de recrutement.
Interrogé sur les réseaux sociaux, le président n’a pas précisé de pourcentage exact, mais a affirmé la nécessité d’un renforcement budgétaire. Il a souligné que les Européens doivent accroître leur effort de défense et prendre conscience de la fin des « dividendes de la paix » hérités des générations précédentes. Cette montée en puissance des dépenses militaires pose néanmoins la question du financement, dans un contexte de dette publique élevée avoisinant les 3 400 milliards d’euros.
L’Union européenne envisage de revoir les règles budgétaires en excluant les dépenses militaires du calcul du déficit public, actuellement limité à 3 %. Une telle mesure offrirait une marge de manœuvre accrue pour financer l’effort de défense sans enfreindre les critères de discipline budgétaire. Une autre piste évoquée consisterait à émettre un emprunt européen, à l’image de celui déployé pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19.
Par ailleurs, Emmanuel Macron n’a pas écarté l’idée de recourir à des produits d’épargne dédiés au financement de la défense, en sollicitant directement les citoyens français. Cette proposition rappelle un amendement du Sénat visant à créer un « livret d’épargne souveraineté », projet finalement censuré par le Conseil constitutionnel. Le président considère cependant que cette initiative pourrait constituer une solution pertinente pour associer les Français à l’effort national.
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