En ordonnant le gel de l’aide américaine à l’Afrique du Sud, Donald Trump semble délibérément ignorer une page sombre de l’histoire : l’héritage dévastateur de l’apartheid sur la répartition des terres dans le pays. Trois décennies après la fin du régime ségrégationniste, un constat accablant demeure : 72% des terres agricoles sont toujours détenues par la minorité blanche, fruit d’une spoliation systématique qui s’est étendue sur plusieurs générations.
L’apartheid : une spoliation systématique jamais réparée
Cette concentration extrême des terres n’est pas le résultat du hasard, mais celui d’une politique délibérée de dépossession menée pendant la période coloniale et l’apartheid. Les populations noires ont été méthodiquement privées de leurs terres ancestrales, créant un déséquilibre structurel qui continue d’empoisonner la société sud-africaine moderne.
Face à cette injustice historique, le gouvernement sud-africain a choisi la voie de la réforme mesurée. Contrairement au Zimbabwe, où une réforme agraire brutale a déstabilisé l’économie, Pretoria privilégie une approche progressive et encadrée juridiquement. La nouvelle législation sur l’expropriation, tant décriée par Trump, ne vise pas à discriminer mais à réparer une injustice centenaire qui maintient des millions de Sud-Africains dans la précarité.
Des sanctions qui nient l’Histoire
L’ironie de la situation n’échappe à personne : les États-Unis, qui ont longtemps fermé les yeux sur les exactions de l’apartheid, se posent aujourd’hui en défenseurs d’une minorité qui a historiquement bénéficié de ce système inique. Les sanctions américaines apparaissent donc comme une manipulation cynique, ignorant délibérément le contexte historique et la nécessité de rétablir un semblant d’équité dans la répartition des terres.
Le président Cyril Ramaphosa l’a clairement exprimé : l’Afrique du Sud ne se laissera pas intimider. La réforme agraire n’est pas une vengeance, mais une nécessité pour construire une société plus équitable. Les sanctions américaines, loin de servir la justice, ne font que perpétuer les séquelles d’un système que la communauté internationale, y compris les États-Unis, a jadis condamné.
La décision de Trump, soutenue par des figures comme Elon Musk, révèle une incompréhension profonde – ou un déni volontaire – des racines historiques du déséquilibre foncier sud-africain. Elle ignore les efforts du gouvernement pour corriger pacifiquement des décennies d’injustice institutionnalisée, tout en préservant la stabilité économique du pays.
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