Lors d’un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, le président béninois Patrice Talon a réaffirmé sa position intransigeante sur la situation des opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo, tous deux condamnés et incarcérés. Alors que certains espéraient un geste d’apaisement de sa part avant la fin de son mandat, le chef de l’État a été catégorique : leur libération n’est pas envisageable sous son règne.
Une ligne dure qui ne change pas
Depuis leur arrestation en 2021, Reckya Madougou, ancienne ministre de la Justice, et Joël Aïvo, universitaire et figure politique, sont considérés par leurs soutiens comme des prisonniers politiques. Mais pour Patrice Talon, cette qualification est erronée. « Ce sont des acteurs politiques condamnés et détenus, ce qui est différent. Nulle part dans le monde faire de la politique ne fournit une quelconque immunité pour couvrir des actes délictueux », a-t-il déclaré.
Face à la question d’une possible grâce présidentielle avant la fin de son mandat en 2026, la réponse du chef de l’État est sans appel : « Non. Si je le faisais, cela reviendrait à confirmer que les péchés commis sous le couvert de la politique sont plus pardonnables que les autres, et ce serait injuste. »
Un espoir avec son successeur ?
Si Patrice Talon se refuse à toute intervention en faveur des détenus, il laisse entendre que son successeur pourrait faire un choix différent : « Si le prochain président estime que la politique entre parmi les critères d’attribution des grâces, libre à lui », a-t-il concédé, avant d’ajouter : « Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. »
Cette position ne surprend pas, car elle s’inscrit dans la continuité des propos qu’il avait déjà tenus en novembre 2023 lors d’une rencontre avec le parti Les Démocrates, principale force d’opposition. À cette occasion, Boni Yayi, ancien président du Bénin et actuel leader du parti, avait personnellement plaidé en faveur d’une libération de Reckya Madougou. « Président, je demande pardon pour Reckya Madougou. Comprenez le sens de mon pardon », avait supplié Boni Yayi. Mais face à cette demande, Talon était resté inflexible : « Monsieur le Président Boni Yayi, je vous ai déjà dit que je ne compte pas gracier Reckya Madougou. »
Un message clair et assumé
Pour Patrice Talon, il ne saurait être question d’établir un précédent en accordant l’impunité aux acteurs politiques condamnés. « Si les acteurs politiques ne doivent pas rendre compte de leurs actes, ce n’est pas bien (…). Laissons un code à la République. Parfois, le pardon peut être une faute », a-t-il insisté.
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