Maghreb: ce pays veut en finir avec l’accaparement des terres

Tunis (Photo DR)

L’accaparement des terres constitue l’un des défis majeurs du continent africain, particulièrement dans la région du Maghreb. Ce phénomène se caractérise par l’acquisition souvent frauduleuse de vastes étendues territoriales par des élites politiques, des investisseurs étrangers ou des groupes d’intérêts privés, au détriment des populations locales. Les conséquences sont dramatiques : insécurité alimentaire, exode rural, tensions sociales et obstacles au développement économique équitable. En Tunisie, cette problématique reste particulièrement aiguë, avec des décennies de pratiques douteuses ayant conduit à la privatisation de nombreux biens domaniaux pour des montants dérisoires, créant ainsi de profondes inégalités foncières qui freinent le développement du pays.

Un inventaire exhaustif pour récupérer les biens du peuple

La Tunisie semble déterminée à tourner la page de ces pratiques. Lors d’une rencontre tenue ce mardi 4 mars 2025 au palais de Carthage avec Wajdi Hedhili, ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, le président Kaïs Saïed a ordonné un recensement complet des propriétés publiques appartenant au peuple tunisien. Cette initiative fait écho au projet de cadastre national lancé dans les années 1970, mais jamais pleinement réalisé.

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Le chef de l’État a dénoncé sans ambages les nombreux abus constatés, citant notamment l’existence de résidences luxueuses édifiées sans autorisation sur des terrains appartenant à l’État. Il a également pointé du doigt le mécanisme frauduleux consistant à transférer des biens du domaine public vers le domaine privé de l’État, pour ensuite les céder à des particuliers contre des sommes symboliques, le tout sous couvert d’une légalité de façade.

Une politique foncière au service du logement social

Pour contrer ces dérives et réorienter la politique foncière vers l’intérêt général, le président tunisien a évoqué un nouveau projet législatif visant à attribuer des terrains constructibles à prix symbolique à deux organismes publics : la Société nationale immobilière de Tunisie (SNIT) et la Société de promotion des logements sociaux (SPROLS).

Cette mesure marquerait une rupture nette avec les pratiques des dernières décennies. Plutôt que de favoriser l’enrichissement d’une minorité privilégiée, l’État tunisien entend désormais utiliser sa politique foncière comme levier d’action sociale, notamment pour faciliter l’accès au logement des populations défavorisées. Cette réorientation stratégique pourrait constituer un modèle pour d’autres pays du Maghreb confrontés à des problématiques similaires d’accaparement des terres et d’inégalités d’accès au foncier.

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