Depuis quelques années, l’Algérie accélère sa mutation économique en multipliant les projets d’infrastructure d’envergure. Le pays, riche de ses ressources naturelles, engage des chantiers stratégiques pour renforcer son intégration territoriale et soutenir une croissance durable. Chemins de fer, ports, centrales énergétiques ou encore pôles industriels sortent progressivement de terre, participant à redessiner un paysage national résolument tourné vers l’avenir. Ce vaste programme de modernisation traduit une volonté politique affirmée de diversifier l’économie, de désenclaver les régions périphériques et d’asseoir la souveraineté nationale dans des secteurs clés.
L’inauguration du premier tronçon de la ligne ferroviaire Béchar-Gara Djebilet illustre concrètement cette dynamique. Ce jeudi, un jalon majeur a été posé avec l’ouverture du segment Béchar-Abadla, long de 100 kilomètres. Ce premier pas s’inscrit dans un projet global de 950 kilomètres, destiné à établir un corridor logistique stratégique reliant les zones minières du sud-ouest aux grands centres économiques du pays.
Pensée pour répondre à des enjeux économiques, industriels et sociaux, cette nouvelle infrastructure permettra notamment l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet, considéré parmi les plus importants au monde. Mais son impact ne se limitera pas à l’activité minière : elle favorisera également le transport de voyageurs et de marchandises, offrant ainsi de nouvelles perspectives de développement aux régions longtemps isolées.
Sur le terrain, l’ampleur des défis techniques relevés témoigne de la complexité du projet. Les travaux ont nécessité l’extraction de 1,4 million de mètres cubes de déblais et le traitement de 8 millions de mètres cubes de remblais. Plus de 14 000 tonnes de rails et plus de 100 000 traverses spéciales ont été posées, afin de garantir la robustesse nécessaire au passage de charges lourdes pouvant atteindre 32,5 tonnes. En parallèle, 181 ouvrages hydrauliques, cinq viaducs et douze passages inférieurs ont été édifiés pour assurer la résilience de la ligne face aux conditions climatiques sévères de la région.
Au cœur de ce dispositif, la gare d’Abadla se distingue par son architecture moderne et ses fonctionnalités intégrées. Déployée sur près de 1800 m², elle comprend des espaces commerciaux et administratifs, ainsi qu’une horloge urbaine emblématique. Les aménagements, conçus pour respecter à la fois des standards internationaux et l’environnement saharien, renforcent l’attractivité du site et témoignent d’une approche d’infrastructure durable.
L’ensemble du projet a été confié à des entreprises publiques algériennes regroupées au sein du groupement ferroviaire Béchar-Hammaguir, démontrant ainsi le savoir-faire national dans la réalisation de grands travaux. Cosider, EPTP-Alger, SeroEst, ENGOA, Cosider-OA et Infrarail ont uni leurs efforts pour livrer une infrastructure stratégique au service du développement.
Lors de la cérémonie d’inauguration, le président Abdelmadjid Tebboune a insisté sur la portée symbolique et économique de cette ligne, la qualifiant de « prélude à une nouvelle ère de développement ». Il a également exprimé l’ambition d’étendre ultérieurement le réseau vers les wilayas d’Adrar, d’El Ménéa et jusqu’à Tamanrasset, affirmant la volonté de faire de ces infrastructures un levier d’intégration nationale et de croissance future.
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