Pétrole au Maghreb : une grosse commande venue d’Afrique

(bashta, iStock at Getty Images)

Le Maghreb, et en particulier l’Algérie, occupe une place de premier plan dans la production pétrolière africaine. Dotée de vastes réserves, l’Algérie est l’un des rares pays du continent à disposer d’une industrie pétrolière intégrée allant de l’exploration à l’exportation. Cette richesse en hydrocarbures, notamment en pétrole brut, alimente depuis des décennies son économie et lui confère un rôle stratégique, notamment auprès des partenaires européens. Mais ces dernières années, les autorités algériennes cherchent à élargir leur horizon commercial, en tissant de nouveaux liens avec des pays africains, dans une logique de rééquilibrage régional.

Une livraison inédite à destination du Nigeria

En mars 2025, l’Algérie a livré au Nigeria, 1,38 million de barils de pétrole brut et de produits pétroliers, selon les données compilées par une unité de recherche sur l’énergie à Washington et relayées par le site Attaqa. Cette cargaison comprenait environ 1,023 million de barils de brut et 354 200 barils de naphta, un dérivé pétrolier largement utilisé dans l’industrie pétrochimique. Ce volume, réparti sur deux expéditions, représente en moyenne 44 000 barils par jour – un chiffre significatif dans les échanges entre deux poids lourds de la production pétrolière du continent.

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Ce qui retient l’attention, c’est que cette commande émane du Nigeria, pourtant détenteur de plus de 37 milliards de barils de réserves prouvées. Le pays, souvent présenté comme un géant pétrolier africain, connaît pourtant de graves pénuries de carburant. Le paradoxe est frappant : malgré ses ressources, le Nigeria peine à satisfaire ses besoins domestiques, faute de capacités de raffinage suffisantes et en raison d’une chaîne logistique souvent défaillante. L’importation depuis l’Algérie apparaît alors comme un moyen de pallier ces insuffisances à court terme.

Diversification et repositionnement pour Alger

Cette transaction marque un tournant dans la politique d’exportation de l’Algérie, qui cherche à diversifier ses débouchés en dehors du marché européen, traditionnellement prioritaire. En réponse à une légère baisse de ses volumes d’exportation, Alger explore de nouvelles pistes commerciales en Afrique. Le Nigeria représente, dans ce contexte, un partenaire à la fois symbolique et stratégique : un pays pétrolier en difficulté temporaire qui ouvre une brèche dans le marché ouest-africain.

La fourniture de naphta dans la cargaison souligne également une orientation vers des produits à valeur ajoutée, et non plus seulement du brut. Cela reflète une volonté de mieux exploiter la chaîne de valeur pétrolière, en s’imposant aussi sur des segments plus spécialisés.

Un geste qui dépasse le simple commerce

Plus qu’un simple échange économique, cette opération témoigne des mutations en cours dans les relations énergétiques intra-africaines. Elle révèle à la fois les failles structurelles d’un pays comme le Nigeria, incapable de raffiner efficacement son propre pétrole, et l’opportunisme stratégique d’un autre, l’Algérie, qui adapte sa politique pour répondre à de nouveaux besoins régionaux.

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Cette dynamique pourrait augurer de nouvelles formes de coopération entre pays producteurs, fondées non sur l’abondance des ressources, mais sur leur valorisation concrète et leur circulation efficace à travers le continent. La logique n’est plus simplement d’exporter vers l’extérieur, mais aussi de répondre aux demandes internes à l’Afrique.


Une réponse

  1. Avatar de Mohamed
    Mohamed

    initiative louable. vive la coopération intra Africaine. il faut produire et raffiner en Afrique.

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