À un peu plus d’un mois de la fête de Tabaski, le Sénégal affine sa stratégie pour que les familles puissent célébrer l’événement sans angoisse d’approvisionnement. Cette année, les autorités misent sur l’anticipation et la structuration du marché, grâce à une mobilisation exceptionnelle du Fonds d’Appui à la Stabulation (FONSTAB), qui a déjà injecté plus d’un milliard de francs CFA pour faciliter l’arrivée des moutons dans les points de vente.
La Tabaski est chaque année un véritable défi logistique et social. Avec des besoins estimés à 800 000 têtes de moutons, la pression est forte sur les éleveurs, les commerçants et l’État. Pour répondre à cette demande massive, le FONSTAB a lancé dès le mois de mars un programme de financement ciblé destiné au secteur privé de l’élevage. Plutôt que de réagir en urgence à quelques jours de la fête, le gouvernement a opté pour une approche proactive.
« Nous avons mobilisé plus d’un milliard de francs CFA, et l’enveloppe globale peut atteindre les deux milliards. Cela permettra de financer la présence d’au moins 200 000 moutons sur le marché », détaille Fatoumata Diouf, administratrice du FONSTAB. Contrairement aux modèles classiques de subvention, le FONSTAB fonctionne selon une logique de prêts remboursables, octroyés aux coopératives d’éleveurs et aux organisations professionnelles. L’idée est de donner les moyens d’agir aux acteurs de terrain, tout en responsabilisant la chaîne d’approvisionnement. La Tabaski est un moment révélateur des capacités de résilience économique du pays.
La maîtrise du marché du mouton devient ainsi un indicateur de gouvernance, de souveraineté et de justice sociale. En anticipant les flux, en soutenant les éleveurs et en structurant les circuits de distribution, l’État sénégalais veut éviter les flambées spéculatives, source de frustration populaire. Le modèle repose désormais sur l’intelligence collective, entre financement public, implication communautaire et régulation étatique.
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