Éducation au Sénégal : baisse des effectifs dans les filières scientifiques

Photo d'illustration : DR

Au Sénégal, l’enthousiasme pour les filières scientifiques et techniques semble s’éroder alors même que le pays ambitionne de devenir une nation compétitive dans les domaines des sciences, de la technologie et de l’innovation. C’est un cri d’alerte que vient de lancer le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf.

Lors d’un récent atelier de il a mis en lumière une désaffection préoccupante des élèves envers les parcours scientifiques. « Le diagnostic est clair : la relève scientifique est en danger », a-t-il souligné, visiblement inquiet. Sur les 166 400 candidats enregistrés pour le baccalauréat de 2025, à peine 16 % ont choisi une série scientifique. Ce chiffre, déjà modeste, marque une baisse légère mais continue par rapport aux années précédentes (16,62 % en 2024 et 16,39 % en 2023).

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Si la tendance paraît discrète sur le papier, elle devient plus inquiétante lorsqu’on y ajoute les séries techniques, en perte de vitesse depuis quatre ans. En 2025, elles ne concernent que 2,07 % des candidats, un niveau historiquement bas. Ce recul s’inscrit à contre-courant des ambitions nationales. Le Sénégal, comme de nombreux pays en développement, mise sur les compétences en STIM (sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) pour dynamiser son économie et relever les défis du numérique, de l’agriculture de précision, de la santé ou encore de la transition énergétique.

« Comment construire l’avenir si nos jeunes désertent les fondations mêmes de l’innovation ? », s’interroge un inspecteur de l’Éducation nationale rencontré lors de l’atelier. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce désintérêt : manque d’équipements dans les établissements, absence de laboratoires fonctionnels, déficit d’orientation et de valorisation de ces filières, ou encore perception d’un parcours difficile avec peu de débouchés immédiats.

Les élèves, souvent mal informés sur les opportunités réelles qu’offre la science, s’orientent davantage vers les séries littéraires ou économiques, jugées plus accessibles. Face à cette situation, des pistes sont à l’étude. Le ministère prévoit notamment un programme national de promotion des sciences dans les lycées, des bourses d’excellence pour les meilleurs élèves en mathématiques et en physique, ainsi que la réhabilitation de plusieurs lycées techniques dans les régions. Si rien n’est fait rapidement, le pays de la Teranga risque de voir s’accentuer le déséquilibre entre ses ambitions et ses ressources humaines disponibles. Dans un monde où l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou l’ingénierie énergétique dictent les dynamiques économiques, le pays ne peut se permettre de rester en marge.

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