Elon Musk et Trump : la fin d’une idylle ?

Au fil des années, leur proximité avait de quoi étonner. D’un côté, un milliardaire iconoclaste à la tête d’une constellation d’entreprises technologiques, de l’autre, un homme politique adepte des formules-chocs et des réseaux sociaux. Elon Musk et Donald Trump ont trouvé un terrain d’entente autour de la déréglementation, de la souveraineté industrielle et d’un certain rejet des élites traditionnelles. L’un promettait la conquête de Mars, l’autre de « rendre sa grandeur » à l’Amérique. Lors de la campagne présidentielle de 2024, leur complicité semblait scellée : Musk apportait un soutien financier massif à hauteur de 270 millions d’euros et devenait une figure incontournable des cercles proches du candidat républicain. Le 6 novembre, au soir de sa réélection, Trump ne tarissait pas d’éloges à son sujet, lui consacrant plusieurs minutes de son discours. Tout laissait croire à une nouvelle ère de partenariat entre la Maison Blanche et la Silicon Valley.

Une relation refroidie et des silences révélateurs

Quelques mois plus tard, le ton a changé. La place qu’occupait Musk dans l’univers trumpien semble avoir fondu comme neige au soleil. Alors qu’il était encore cité presque quotidiennement sur Truth Social en mars, son nom a disparu des publications présidentielles depuis avril. Les messages enthousiastes ont laissé place à un silence pesant. Le compte X de la Maison Blanche ne le mentionne plus, et les conseillers du président évitent désormais toute référence directe à Tesla ou SpaceX. En miroir, Musk lui-même a drastiquement réduit ses allusions au président sur sa propre plateforme. De 36 mentions en février, il est passé à trois en mars, et seulement deux depuis le début du mois.

Cette mise à distance intervient alors que Musk traverse une période moins faste sur le plan de l’image. Tesla, longtemps symbole d’innovation, pâtit d’un fléchissement de ses ventes et d’une perception publique plus critique, notamment en raison de certaines prises de position controversées de son patron. Les acheteurs se détournent, les investisseurs s’interrogent. Ce recul de popularité semble avoir des répercussions politiques : la proximité autrefois valorisée devient soudain encombrante.

Une pause calculée ou une rupture durable ?

Derrière ce refroidissement, chacun pourrait poursuivre des objectifs bien distincts. Pour Elon Musk, limiter ses liens avec le pouvoir politique pourrait être un moyen de recentrer l’attention sur ses entreprises, à un moment où Tesla subit une pression accrue. L’image d’un chef d’entreprise trop aligné sur un pouvoir politique clivant pourrait nuire à ses affaires, en particulier sur les marchés internationaux. Se faire discret, voire s’éloigner du cercle présidentiel, pourrait lui permettre de reconquérir une partie de son public et de ses partenaires économiques.

De son côté, Donald Trump pourrait avoir tout intérêt à prendre ses distances avec une figure dont l’aura s’effrite. Entouré de conseillers attentifs à chaque signal d’impopularité, le président pourrait chercher à éviter toute association susceptible de nuire à son image ou à ses priorités politiques. L’absence de conflit ouvert entre les deux hommes laisse néanmoins ouverte la possibilité d’un rapprochement futur, si leurs intérêts venaient à se recroiser. Pour l’heure, la dynamique est suspendue, et chacun semble évaluer le bénéfice d’un silence plutôt que d’une alliance trop voyante.

Laisser un commentaire