Pour la deuxième fois en moins d’une semaine, l’homme d’affaires conservateur Pierre-Édouard Stérin a refusé de se présenter devant la commission d’enquête sur l’organisation des élections en France. Cette absence répétée a suscité l’indignation de plusieurs députés qui souhaitaient l’interroger sur son engagement politique.
Le milliardaire, fondateur des coffrets cadeaux Smartbox et désormais résident belge, avait publiquement promis d’investir 150 millions d’euros sur dix ans pour influencer le débat public et soutenir des candidats partageant ses convictions.
Son initiative politique, nommée « projet Périclès » — acronyme de « Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes » — vise à promouvoir une ligne libérale en économie, conservatrice sur les questions sociétales et ferme sur les sujets régaliens.
Des poursuites judiciaires envisagées contre le milliardaire
Face à ce double refus, Thomas Cazenave, président de la commission d’enquête, a annoncé qu’il saisirait dès l’après-midi le procureur de la République de Paris. Le député LFI Antoine Léaument, rapporteur de la commission, accuse quant à lui le milliardaire de « jouer la montre« , sachant que les travaux de la commission sont limités dans le temps. De son côté, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a solennellement appelé Stérin à « respecter ses obligations, l’Assemblée nationale et son travail« .
L’homme d’affaires a justifié son absence par des « dizaines de menaces de mort » reçues, pour lesquelles il a déposé lundi une plainte contre X au tribunal judiciaire de Paris. Un argument balayé par Thomas Cazenave, qui a précisé que « le ministère de l’Intérieur était prêt à assurer sa sécurité« . Selon l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958, le refus de comparaître devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.
Un précédent qui pourrait rassurer le milliardaire
Ce n’est pas la première fois qu’une commission d’enquête parlementaire fait face à un refus de comparution sous la Ve République. En 2023, deux militants du collectif Les Soulèvements de la Terre, Léna Lazare et Basile Dutertre, avaient également décliné leur convocation devant une commission enquêtant sur les affrontements de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.
Bien que le président de cette commission, Patrick Hetzel, ait alors saisi la procureure de la République de Paris, les deux militants ont finalement été relaxés en janvier dernier. Ce précédent pourrait conforter Pierre-Édouard Stérin dans sa stratégie d’évitement.
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