Le système de santé d’un pays repose sur des professionnels de santé compétents et en nombre suffisant pour répondre aux besoins de la population. Les médecins, en particulier, jouent un rôle central dans la prise en charge des patients, la prévention des maladies et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. Leur présence, leur expertise et leur répartition géographique sont des éléments essentiels pour assurer l’accès à des soins de qualité, surtout dans les zones plus reculées. Cependant, certains pays, comme le Maroc, sont confrontés à des défis majeurs dans l’organisation de leur secteur de la santé, ce qui les pousse à adopter des solutions innovantes.
Le Maroc se trouve actuellement dans une situation où le manque de médecins et d’infirmiers est devenu un obstacle structurel à la qualité de son système de santé. Ce déficit, causé par une faible attractivité du secteur public et une répartition inégale des ressources, a conduit le gouvernement à prendre des mesures radicales pour pallier ce manque. Parmi les solutions envisagées, l’ouverture aux praticiens étrangers s’avère une réponse immédiate. Depuis 2022, plus de 580 médecins étrangers ont rejoint les rangs du système médical marocain, un geste qui fait partie d’un plan plus vaste d’amélioration des ressources humaines dans le secteur de la santé.
Dans un effort pour relever ce défi, le gouvernement marocain a signé une convention-cadre dotée de plus de 3 milliards de dirhams, visant à augmenter le nombre de professionnels de santé du pays. L’objectif est d’atteindre une densité de 45 professionnels de santé pour 10 000 habitants d’ici 2030, contre 17,4 pour 10 000 habitants aujourd’hui. Mais les mesures ne se limitent pas au recrutement extérieur. Le Maroc met également l’accent sur l’augmentation de la capacité de formation des jeunes professionnels. Ainsi, la capacité d’accueil des Instituts supérieurs des professions infirmières a été augmentée de 206 % en 2024, tandis que le nombre de postes pour les médecins en spécialisation via le concours de résidanat a été élargi.
En parallèle, des incitations salariales ont été mises en place pour attirer les médecins vers le secteur public et les encourager à s’installer dans les régions les plus reculées. L’attribution d’un indice de référence plus élevé, l’augmentation des primes de risque professionnel et la création d’un nouveau système de fonction publique sanitaire sont autant de mesures qui visent à rendre les postes dans le secteur plus attractifs. En outre, la réforme des concours de recrutement, désormais déléguée aux régions, devrait permettre une meilleure gestion des ressources humaines au niveau local.
Ces efforts combinés montrent la volonté du gouvernement marocain de transformer son système de santé en un modèle plus inclusif et mieux équipé pour faire face aux défis démographiques et géographiques du pays. Le recrutement de médecins étrangers, bien que temporaire, s’inscrit dans une stratégie à long terme pour renforcer le système de santé national tout en optimisant les capacités locales de formation et d’attrait des talents.



