L’Assemblée générale extraordinaire tenue du 2 au 3 mai à Cotonou a officialisé ce que beaucoup pressentaient depuis plusieurs mois : le Mouvement Objectif Bénin 2026 (OB26) est entré dans une zone de turbulences dont il pourrait ne pas sortir indemne. Ce qui se voulait une dynamique politique ambitieuse pour l’alternance en 2026 se fracture désormais en clans, règlements de comptes et querelles d’héritage. Le président du mouvement, Jean-Eudes Mitokpè, en a été écarté au terme d’une réunion qualifiée d’historique par ses organisateurs. On lui reproche une dérive solitaire, une orientation politique jugée contraire à l’ADN du mouvement, et surtout une tentative de repositionnement dans l’opposition sans consultation. Une fracture que certains analystes justifient par le contexte judiciaire sulfureux entourant Olivier Boko, figure tutélaire d’OB26, aujourd’hui condamné pour complot contre l’État.
Ce divorce interne n’est pas un simple malentendu. Il illustre une tendance lourde : les anciens soutiens d’Olivier Boko se détachent progressivement d’un nom devenu trop encombrant. L’ancien homme de confiance du président Talon n’est plus que l’ombre d’un allié d’hier. Son arrestation et sa condamnation à 20 ans de prison ont sérieusement écorné l’image d’un réseau qui se voulait porteur de renouveau. Son nom suscite aujourd’hui embarras, voire rejet, jusque dans les cercles proches du pouvoir. Le chef de l’État, dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’a lui-même qualifié de « monstre ». Une déclaration qui acte, sinon une rupture personnelle, du moins une mise à distance politique claire.
Le repositionnement de certains anciens membres d’OB 26 qui se retrouvent aujourd’hui dans un creuset appelé Nouvelle Dynamique pour le Progrès (NDP) ressemble à une tentative de sauvetage in extremis. Dirigée par Juste Riphat Mitokpè, ancien exclu du mouvement, la nouvelle direction revendique une légitimité issue du rejet de la posture de leur ancien leader. En face, Jean-Eudes Mitokpè réplique, conteste l’assemblée, dénonce une opération de déstabilisation et défend la continuité de son autorité. Son camp évoque un putsch organisé par des membres écartés « pour fautes graves », et qualifie la NDP de « mouvement fantoche ».
Mais dans cette guerre de légitimité, une question essentielle se pose : que reste-t-il du projet OB26 ? Le mouvement est désormais tiraillé entre ceux qui veulent rompre avec l’influence de Boko, et ceux qui assument encore son héritage. Or, c’est précisément ce lien à Olivier Boko qui fait d’OB26 un mouvement ingérable pour le camp présidentiel. Dans un climat de suspicion judiciaire et de clarification politique, OB26 n’a plus sa place dans la majorité présidentielle. Le plus frappant dans cette crise, c’est son caractère répétitif. De nombreux anciens fidèles ont fini par faire volte-face, souvent après avoir mesuré le coût politique de cette proximité.
Aujourd’hui, OB26 – ou ce qu’il en reste – affronte une réalité implacable : sans figure rassembleuse, sans cap clair, sans soutien au sommet, le mouvement s’essouffle dans une lutte intestinale stérile. L’alternative qu’il promettait s’est muée en simulacre. Reste à savoir si la « Nouvelle Dynamique pour le Progrès » saura renaître de ces cendres ou si elle n’est qu’un avatar de plus dans l’agitation politique pré-électorale. 🔥 « Restez branché à l’actu béninoise sur notre chaîne WhatsApp officielle ! » en cliquant sur ce lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x
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