Depuis des décennies, le Sahara occidental cristallise les tensions entre le Maroc et l’Algérie, deux puissances régionales aux visions opposées. D’un côté, Rabat affirme sa souveraineté sur ce territoire riche en ressources, qu’il administre en grande partie. De l’autre, Alger soutient le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui qui revendique l’autodétermination du territoire. La République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée en 1976 par le Front Polisario, bénéficie d’une reconnaissance partielle sur le continent africain, mais reste exclue de nombreuses instances internationales. Cette rivalité ne se limite pas à un différend territorial : elle s’ancre dans une opposition politique, diplomatique et militaire qui continue d’alimenter des tensions persistantes entre les deux voisins.
Bruxelles clarifie sa position au sujet de la RASD
C’est dans ce climat tendu que l’Union européenne s’est retrouvée au centre d’une polémique à l’approche de la réunion ministérielle UE-UA, prévue à Bruxelles. À la suite d’interrogations sur la participation de la RASD à cet événement, le porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères a tenu à lever toute ambiguïté : ni l’Union européenne ni aucun de ses États membres ne reconnaissent la République arabe sahraouie démocratique. Cette mise au point intervient alors que certains acteurs soupçonnaient une possible invitation directe de cette entité par les institutions européennes.
Le porte-parole a souligné que la réunion est coorganisée avec l’Union africaine, laquelle inclut la RASD parmi ses membres. Il a donc précisé que si cette dernière est présente, cela relève uniquement de la structure propre à l’UA, et non d’un choix ou d’un aval politique de l’UE. Cette déclaration vise à prévenir toute interprétation qui pourrait être perçue comme une remise en question de la ligne européenne, notamment par le Maroc, très sensible à toute reconnaissance implicite de la RASD.
Une ligne diplomatique qui pourrait froisser Rabat
Pour le Maroc, toute apparition de la RASD dans un cadre multilatéral international est généralement perçue comme une provocation, même lorsqu’elle est liée aux règles internes d’une organisation comme l’Union africaine. La réaction européenne, bien qu’axée sur une volonté de neutralité, pourrait être reçue à Rabat comme un manque de fermeté, voire une concession aux équilibres diplomatiques africains.
Ce genre de clarification souligne les dilemmes que rencontrent les partenaires internationaux dans la gestion de cette question sensible. Alors que l’UE tente de maintenir des relations étroites avec le Maroc, notamment sur les plans économique, migratoire et sécuritaire, elle doit également composer avec les dynamiques internes de l’Union africaine, où la RASD siège en tant que membre à part entière.
Ce nouvel épisode rappelle combien la question sahraouie reste inflammable sur la scène internationale. Un simple détail protocolaire, comme une présence à une réunion, peut raviver des rivalités ancrées depuis des décennies. En voulant rassurer toutes les parties, l’Union européenne mesure une fois de plus combien l’équilibre entre diplomatie de principe et gestion pragmatique des alliances reste fragile.
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