Sénégal : Alerte Féminicide

Le village de Ndiouwar, près de Fatick, a été secoué par un drame glaçant. Une femme de 41 ans, mère de quatre enfants, a été tuée par son époux en pleine journée. L’auteur présumé du crime, un ancien militaire de 46 ans, aurait agi de sang-froid. Cette scène, aussi brutale qu’incompréhensible, n’est pas un cas isolé. Depuis le début de l’année, sept femmes ont perdu la vie au Sénégal dans des circonstances similaires. Le chiffre, rapporté par le quotidien Enquête, ne dit pas tout. Il n’exprime ni la peur latente, ni les silences étouffés, ni l’absence de réponses à la hauteur du fléau.

Ce meurtre à Ndiouwar résonne comme un écho à d’autres tragédies passées sous les radars de l’actualité. Il illustre un danger constant qui se joue dans l’espace privé, derrière les murs du foyer, là où les cris ne parviennent parfois jamais jusqu’aux oreilles de la justice.

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Un système de violences tolérées

Ces morts ne sont pas des accidents. Elles sont les conséquences d’un engrenage bien plus profond, nourri par des rapports de domination, le désintérêt des institutions et une culture sociale qui minimise encore trop souvent la gravité des violences conjugales. L’ONG ActionAid tire la sonnette d’alarme : tant que l’impunité et la banalisation priment, les victimes continueront de tomber. Derrière chaque féminicide, il y a des signaux ignorés, des proches qui n’ont pas su ou pas pu intervenir, des institutions qui ont tardé à agir, des lois peu appliquées, et des normes sociales qui excusent l’inexcusable.

L’accumulation des drames tisse une toile de fatalité que certains finissent par accepter comme une donnée sociale. Pourtant, chaque victime avait un nom, une histoire, des rêves, des enfants. Chaque crime devrait provoquer un sursaut national. Or, c’est trop souvent la résignation qui l’emporte, avec une minute d’indignation, puis le retour à la routine.

Des réponses attendues, des actes urgents

La lutte contre les féminicides ne se gagne ni par des discours solennels, ni par des communiqués d’indignation. Elle suppose des mécanismes concrets de protection, des alertes efficaces, un appui réel aux femmes en danger, et des sanctions fermes. Il faut que les forces de sécurité soient formées à reconnaître les violences conjugales comme des menaces graves, pas comme des disputes ordinaires. Il faut que les femmes puissent porter plainte sans craindre pour leur sécurité, et que la parole des victimes soit crue dès la première alerte.

Il est temps d’agir autrement. Pas seulement pour les femmes déjà tombées, mais pour toutes celles qui vivent dans l’angoisse de devenir un nom de plus dans un décompte macabre.

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