Sénégal : Certains prix du transport entre régions doublent

À chaque approche de la Tabaski, le Sénégal voit se dessiner un même scénario sur les routes interurbaines : les tarifs des transports flambent, et les usagers n’ont souvent d’autre choix que de subir. Cette année ne fait pas exception. Entre hausse soudaine des prix et absence de réponse immédiate des autorités, les critiques se multiplient, en particulier sur les réseaux sociaux où les témoignages affluent. Plusieurs voyageurs dénoncent des augmentations spectaculaires, notamment sur les trajets vers Ziguinchor, où les tarifs auraient tout simplement doublé.

Des tarifs hors de portée pour des milliers de familles

Dans un pays où une grande partie de la population rejoint son village natal pour la Tabaski, les déplacements interrégionaux deviennent incontournables. Mais cette forte demande, souvent concentrée sur une courte période, ouvre la voie à des pratiques opportunistes. Certains transporteurs en profitent pour revoir leur grille tarifaire à la hausse, parfois sans justification claire. Pour de nombreux ménages, déjà sous pression financière à l’approche de la fête du mouton, cette envolée des prix s’ajoute à une longue liste de dépenses obligatoires.

Le cas de la Casamance, souvent citée comme exemple, illustre bien cette tension. Les voyageurs, surtout ceux qui viennent de Dakar, voient les prix grimper jour après jour, au point que certaines familles choisissent de rester sur place ou de retarder leur départ. Ce phénomène, loin d’être marginal, met en lumière une difficulté structurelle : la dépendance vis-à-vis d’un secteur du transport informel, peu régulé pendant les périodes de forte affluence.

Un précédent encore dans les mémoires

Face à une situation similaire l’année précédente, les autorités avaient adopté une mesure qui avait été saluée par de nombreux citoyens : la mise en circulation de 100 bus supplémentaires par la société publique Dakar Dem Dikk. Déployés depuis la gare des Baux Maraîchers à Pikine, ces véhicules avaient proposé des prix plafonnés vers les principales villes du pays. Aller à Touba pour 4 000 FCFA, rejoindre Kaolack ou Saint-Louis pour le même montant, ou encore rallier Ziguinchor à 9 000 FCFA, représentait une véritable bouffée d’air pour les voyageurs à petit budget. Cette initiative, portée par le ministre de l’époque, El Malick Ndiaye, avait permis de désengorger certaines gares routières tout en freinant la spéculation.

Aujourd’hui, ce dispositif semble absent ou en tout cas moins visible. Le changement de titulaire au ministère des Transports, avec l’arrivée de Yankhoba Diémé, suscite des attentes importantes. Plusieurs usagers interpellent publiquement les autorités pour un retour à ces mesures correctives, estimant qu’en l’absence d’une intervention rapide, les abus continueront de se multiplier.

Un transport interurbain à la croisée des chemins

La répétition des mêmes désordres tarifaires à chaque grande fête religieuse questionne la capacité de l’État à encadrer durablement le secteur du transport interurbain. Si des solutions temporaires comme les bus subventionnés peuvent atténuer la crise, elles ne remplacent pas une stratégie plus globale pour rendre les trajets régionaux accessibles, sûrs et équitables.

À court terme, les populations attendent des mesures fortes : contrôle des prix, mobilisation de flottes publiques, ou encore ouverture de lignes ferroviaires en période de forte affluence. Mais ces réponses ne peuvent se limiter aux jours précédant la Tabaski. Elles doivent s’appuyer sur une volonté politique claire de réorganiser le secteur pour éviter que la route vers la fête ne se transforme chaque année en parcours du combattant.

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