Sénégal: L’animation culturelle d’un lycée devient affaire nationale

Organisée le 9 mai 2025 sur le terrain de basket du CDEPS, la manifestation culturelle de l’école privée laïque Antoine de Padoue a provoqué une vive réaction publique après la diffusion de vidéos montrant des élèves en pleine performance jugée indécente. Ces images, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont rapidement éveillé les inquiétudes des parents d’élèves, éducateurs et responsables publics, soulevant la question du cadre et des responsabilités dans l’organisation d’activités scolaires extrascolaires.

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Dès le 13 mai, l’Inspecteur d’Académie Papa Gorgui Ndiaye avait ordonné l’ouverture d’une enquête pour identifier les manquements et déterminer les responsabilités. L’événement a ainsi dépassé les murs de l’établissement pour interpeller les acteurs de l’éducation à l’échelle nationale sur l’encadrement moral et civique des manifestations scolaires.

Une alerte sur la gestion des établissements scolaires

La réaction du ministère de l’Éducation nationale a été rapide. Le ministre Moustapha Guirassy a rappelé aux chefs d’établissement leurs devoirs en matière de supervision des activités scolaires, notamment celles organisées par les gouvernements scolaires. Il a insisté sur l’application stricte de l’arrêté ministériel du 8 octobre 2024, qui fixe les lignes directrices pour les règlements intérieurs dans les établissements publics et privés. Il ne s’agit pas seulement de formalisme administratif, mais de la nécessité de garantir que l’école reste un lieu d’apprentissage, d’éthique et de formation citoyenne.

Le syndicat des enseignants du moyen secondaire (SAEMS), par la voix de son secrétaire général El Hadj Malick Youm, a également réagi en pointant la responsabilité des encadreurs de l’établissement. Il estime que les enseignants doivent veiller à bien plus que la transmission de connaissances : leur rôle s’étend à la formation du comportement et au suivi du cadre moral dans lequel évoluent les élèves. Selon lui, permettre de telles scènes lors d’un événement éducatif traduit une démission préoccupante de certaines fonctions essentielles de l’école.

L’école au cœur d’un équilibre entre expression et responsabilité

L’incident de Ziguinchor pose une question de fond : comment articuler liberté d’expression culturelle des élèves et respect du cadre éducatif ? La danse, en tant qu’expression artistique, occupe une place importante dans la culture sénégalaise, mais lorsqu’elle est présentée dans un environnement scolaire, elle doit être encadrée avec discernement. À l’ère des smartphones et des réseaux sociaux, tout dérapage devient immédiatement visible et susceptible d’alimenter le débat public, voire de ternir l’image d’un établissement.

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Cet épisode est révélateur d’un malaise plus profond autour des limites de l’autorité dans les écoles. Il met aussi en lumière un besoin criant de repenser le rôle des gouvernements scolaires, ces structures internes censées favoriser la participation des élèves à la vie de l’établissement, mais qui, mal encadrées, peuvent devenir des espaces de dérive.

Face à cela, les autorités veulent poser des bases claires. Il ne s’agit pas de censurer, mais de rétablir des repères. Le Sénégal a toujours misé sur l’éducation comme pilier de son développement. Chaque établissement doit contribuer à forger non seulement des esprits brillants, mais aussi des citoyens responsables. Trouver un équilibre entre liberté créative et cadre éducatif ne peut plus être une option : c’est désormais une exigence pour préserver la mission première de l’école.

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