Sénégal : L’entreprise Afribat citée sur la nouvelle affaire d’effondrement d’immeuble

L’effondrement d’un immeuble en construction, survenu dimanche à Darou Khoudoss dans la commune de Touba, a plongé le pays dans une nouvelle tragédie du bâti. Le dernier bilan fait état de onze morts, confirmés par le préfet de Mbacké, Khadim Hann. Alors que les secours tentaient encore de dégager les gravats, l’enquête judiciaire a très vite mis en cause la société Afribat, déjà connue dans une affaire similaire à Ngor. Ce nouvel épisode ravive les inquiétudes sur la qualité des constructions et la rigueur des contrôles dans le secteur immobilier sénégalais.

Une société dans la tourmente judiciaire

Afribat, entreprise de BTP active sur plusieurs chantiers à travers le pays, voit une fois encore son nom associé à un drame. Le patron de la société, accompagné de deux collaborateurs, a été placé sous mandat de dépôt. Les poursuites portent sur des chefs aussi graves qu’homicides involontaires et mise en danger de la vie d’autrui. Une accusation qui fait écho à une précédente affaire : celle de l’immeuble effondré à Ngor, pour laquelle un des dirigeants de l’entreprise, P.F., est déjà détenu à la prison de Rebeuss. Il sera extrait de sa cellule pour être entendu dans cette nouvelle affaire, preuve que les autorités cherchent à faire le lien entre ces deux dossiers.

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Ce n’est pas la première fois que le nom d’une même structure revient dans deux accidents majeurs à quelques mois d’intervalle. Une situation qui interroge sur les mécanismes de suivi, de sanction et surtout de prévention dans le secteur du bâtiment. La répétition des faits dessine le portrait d’un environnement où la prise de risque semble primer sur la sécurité des travailleurs et des habitants.

Une course contre la montre aux conséquences mortelles

Parmi les causes avancées pour expliquer la catastrophe de Darou Khoudoss, la rapidité excessive dans l’exécution des travaux est pointée du doigt. Le ministre de l’Urbanisme, Moussa Balla Fofana, a évoqué une cadence irrationnelle qui aurait compromis la solidité de la structure. Cette frénésie de construction, souvent dictée par des délais commerciaux ou des objectifs de rentabilité, transforme certains chantiers en pièges mortels.

Ce rythme précipité n’est pas sans rappeler les logiques observées dans d’autres domaines, où la pression de livrer vite dépasse celle de faire bien. Dans un pays confronté à une demande croissante en logements, les promoteurs peuvent être tentés de négliger les étapes de contrôle, d’utiliser des matériaux inadaptés ou de contourner certaines normes. Le résultat, ici, se chiffre en vies humaines.

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