Aviation au Maghreb : cette compagnie dévoile sa stratégie face aux low-cost

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Sur les lignes du Maghreb, la pression monte pour les compagnies aériennes traditionnelles. La montée en puissance des transporteurs low-cost bouscule les équilibres : prix très attractifs, modèles économiques allégés, multiplication des destinations point-à-point… Le modèle classique est mis à l’épreuve. Royal Air Maroc (RAM) ne se contente pas de suivre la tendance. Lors de son passage dans l’émission Quest Means Business sur CNN, son PDG Abdelhamid Addou a détaillé les axes d’une stratégie pensée pour dépasser la logique du billet le moins cher.

Parier sur l’expérience et non sur la guerre des prix

Face à des concurrents qui misent tout sur la réduction des coûts, RAM préfère affirmer sa valeur. Pour Abdelhamid Addou, la réponse passe par une offre qualitative, notamment en classe économique, avec des services qui justifient le prix payé. Le dirigeant affirme que « vous devez offrir à vos clients le service pour lequel ils payent », soulignant l’importance de réinvestir dans le produit.

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La compagnie veut faire du voyage une première immersion dans l’univers marocain. Dès l’entrée dans l’aéroport, le passager doit ressentir l’atmosphère du pays : accueil chaleureux, identité culturelle, qualité du service. Cette dimension émotionnelle devient un levier de différenciation, loin du minimalisme fonctionnel des low-cost. Addou insiste également sur le rôle central des équipes, capables selon lui de « faire la différence » et de fidéliser la clientèle par l’attention portée aux détails.

Cap sur les Amériques : une vision transcontinentale

RAM ne se contente pas de défendre sa position : elle élargit son horizon. La compagnie place désormais le cap sur le Sud-Ouest, en particulier les marchés nord et sud-américains. Ce choix géographique n’est pas anodin. Selon le PDG, « c’est là où nous pouvons avoir une vraie valeur ajoutée en amenant les diasporas ensemble ». Le Maroc, par sa position géographique, peut devenir une plaque tournante entre les communautés issues de la diaspora et leur pays d’origine.

Plutôt que de se disperser sur des lignes courtes et très concurrentielles, Royal Air Maroc préfère se concentrer sur les longs courriers à forte valeur stratégique. Ce recentrage permet d’allier dimension affective et logique commerciale : transporter les diasporas, capter un tourisme long-courrier, et tisser des liens entre continents tout en évitant la saturation des lignes low-cost.

Un modèle différent dans un marché saturé

Au Maroc, la concurrence est féroce. Avec plus de 40 compagnies présentes, RAM a dû revoir son approche. Elle a ainsi développé un modèle distinct des low-cost pour les dessertes point-à-point, tout en consolidant son réseau africain et transcontinental. Plutôt que d’imiter, elle a innové. Une évolution que le PDG attribue à la clarté de la vision et à la performance de son équipe, soulignant que « nous avons dû créer un nouveau modèle et un nouveau marché ».

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La compagnie ne cherche donc pas à battre les low-cost sur leur propre terrain. Elle s’appuie sur une stratégie ciblée : allier positionnement haut de gamme, valorisation de l’expérience client et développement sur des axes porteurs. En réinvestissant dans son produit et en capitalisant sur ses atouts géographiques, RAM tente de consolider un modèle durable, capable de résister à la volatilité du marché.


Royal Air Maroc, à travers les propos de son PDG Abdelhamid Addou sur CNN, trace les contours d’une stratégie assumée face aux géants du low-cost. Loin de céder à la logique du tout-discount, la compagnie marocaine parie sur une approche qualitative et identitaire, tout en tissant un maillage intelligent avec les Amériques. Un choix qui reflète à la fois une ambition internationale et une fidélité à ses racines, dans un ciel maghrébin où la concurrence impose de plus en plus la différenciation comme condition de survie.

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