Un stagiaire dans une institution de microfinance au Bénin est poursuivi pour avoir utilisé 44 chèques falsifiés afin de retirer près de 53 millions de francs CFA sur le compte d’une mutuelle. Selon Banouto qui a rapporté l’affaire, il a comparu devant le juge correctionnel de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), le mardi 17 juin 2025. Le ministère public l’accuse de « fausses attestations, vol de numéraire et blanchiment de capitaux ».
D’après les déclarations du trésorier de la mutuelle, le mis en cause aurait profité de son accès aux documents de l’institution pour fabriquer des chèques endossés au nom de clients. Il se serait ensuite présenté à la banque partenaire, où est logé le compte de la mutuelle, pour retirer des montants compris entre 500 000 et 2 000 000 FCFA. Cette opération aurait été répétée sur la période de 2021 à 2024. Selon l’accusation, l’intéressé a reproduit les signatures du président de la mutuelle, du trésorier et de l’endosseur sur les chèques falsifiés. Sur les 44 chèques utilisés, 41 portent des noms différents.
À la barre, le prévenu a reconnu les faits. Il a expliqué avoir utilisé les chèquiers de la mutuelle et produit les chèques à son avantage. Il présentait à la banque une copie de la pièce d’identité de l’endosseur, accompagnée de son propre document d’identité, pour valider les retraits. Interrogé par la Cour, il a déclaré être propriétaire d’un véhicule et d’un terrain en chantier.
Les caissiers ayant traité les opérations ont été entendus. Ils ont déclaré n’avoir constaté aucune anomalie sur les signatures figurant sur les chèques. Ils ont indiqué que seule la pièce d’identité du dernier bénéficiaire est exigée pour ce type de transaction. Selon leurs propos, la procédure ne prévoyait pas une confirmation systématique auprès des responsables de la mutuelle, sauf pour des montants jugés élevés.
Les agents ont aussi précisé que le prévenu, connu pour fréquenter régulièrement l’établissement au nom de la mutuelle, était perçu comme un usager habituel. Au cours de l’audience, des divergences sont apparues entre la mutuelle et la banque. Chacune des deux parties a mis en avant des insuffisances imputables à l’autre. La mutuelle reproche un manque de vigilance des caissiers.
La banque, représentée par Me Marc Zinzindohoué, évoque une gestion interne défaillante. L’avocat a interrogé le trésorier sur l’absence de rapport financier pour les années 2021 à 2023, bien que les relevés bancaires aient été régulièrement transmis. Selon lui, ces documents auraient pu permettre une détection plus précoce des opérations irrégulières.
Me Armandine Goudédjessi, avocate de la mutuelle, a contesté l’approche du conseil de la banque, estimant que celui-ci anticipait sa plaidoirie. Elle a été appuyée par Me Urbain Sohoumè, avocat du prévenu. La Cour a décidé de reporter l’affaire au mois de juillet 2025. Ce report doit permettre au ministère public de formuler ses réquisitions et aux avocats des parties de présenter leurs plaidoiries.
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