La guerre en Ukraine, déclenchée en 2022, a poussé des millions de civils à chercher refuge hors des zones de combat. L’intensification des bombardements sur des villes comme Odessa, combinée à la dégradation des conditions de vie, a convaincu de nombreuses familles de quitter leur foyer. C’est dans ce contexte que Mariia Pieshkurova a quitté la Ukraine avec sa fille malade, espérant que la leucémie diagnostiquée chez la fillette pourrait être mieux soignée loin des sirènes d’alerte et des coupures d’électricité. Leur destination : Israël, perçu comme un havre de stabilité. Mais ce lieu d’accueil s’est transformé, en juin, en théâtre d’un drame imprévu.
Une frappe meurtrière sur le littoral israélien
À Bat Yam, quartier du district de Tel Aviv, une frappe iranienne sur un immeuble résidentiel a coûté la vie à cinq membres d’une même famille d’origine ukrainienne le 15 juin dernier. Parmi les victimes figuraient Mariia Pieshkurova, sa fille Anastasia, âgée de 7 ans, en traitement pour un cancer, la mère de Mariia, ainsi que deux neveux. Tous avaient fui les combats en Ukraine pour s’établir dans un appartement modeste, à quelques rues des plages méditerranéennes. La frappe a détruit le bâtiment sans laisser de chance à ses occupants. Ils croyaient fuir les bombes, ils en ont trouvé d’autres, a résumé un proche, encore sous le choc. L’ancien compagnon de Mariia, mobilisé dans l’armée ukrainienne, a appris la nouvelle à distance. Il espérait offrir à sa fille une existence loin des conflits ; il se retrouve aujourd’hui à pleurer une famille décimée.
Un conflit régional qui déborde
Le missile à l’origine du drame a été lancé par les forces iraniennes dans le cadre du conflit entre Téhéran et Tel Aviv qui a duré une douzaine de jours. Pour rappel depuis plusieurs mois, les tensions entre Israël et l’Iran se sont traduites par des attaques réciproques, visant tantôt des infrastructures militaires, tantôt des zones civiles. Cette escalade met à mal les dispositifs de protection, y compris les plus sophistiqués. Le système Dôme de fer ne peut garantir une couverture totale et a montré ses limites. Ce sont donc les populations civiles qui se retrouvent exposées, même dans des régions éloignées des lignes de front classiques. Le fait que des réfugiés d’un autre conflit aient été tués en Israël par une frappe iranienne donne à cette tragédie une portée singulière : elle relie deux guerres distinctes par le biais de ceux qui les fuient.
La promesse de sécurité remise en question
Changer de pays pour protéger sa famille n’est plus une garantie de survie. La trajectoire de la famille Pieshkurova illustre cette désillusion. Quitter une zone de guerre pour s’installer dans un pays souvent considéré comme sûr, voire technologiquement avancé, ne protège pas forcément contre les aléas de la violence contemporaine. Les conflits s’enchevêtrent, les frappes se déplacent, les civils deviennent des victimes collatérales dans des jeux de puissance qui les dépassent. Le destin de cette famille rappelle brutalement que la géographie ne suffit plus à mettre à distance la guerre. Pour ceux qui espéraient reconstruire une vie, les murs de béton d’un appartement israélien n’auront pas suffi à offrir un refuge durable.
La mort de ces cinq personnes, survenue loin de leur patrie, pose une question urgente : où peut-on encore réellement fuir la guerre quand elle traverse les frontières, les continents et les vies sans distinction ?
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