Depuis l’assaut du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la région vit au rythme d’un duel de plus en plus brutal entre Téhéran et Tel-Aviv. Accusé de financer et d’armer les groupes hostiles à Israël, notamment le Hamas et le Hezbollah, l’Iran a vu plusieurs de ses hauts responsables tués dans des frappes ciblées attribuées à Israël en Syrie et au Liban. En avril 2024, Téhéran a brisé un tabou en lançant une attaque directe de missiles et de drones contre Israël, en réponse à la destruction de son consulat à Damas. Depuis, le Moyen-Orient est en alerte maximale : les deux ennemis échangent coups pour coups, tandis que le front libanais s’embrase et que l’hypothèse d’un conflit généralisé devient chaque jour plus plausible. Dans ce climat de confrontation, le Pakistan a tranché ce samedi.
Un soutien affiché à l’Iran
Face aux récentes frappes israéliennes sur le territoire iranien, le Pakistan n’a pas cherché à temporiser. Le ministre de la Défense, Khawaja Asif, s’est exprimé devant l’Assemblée nationale pour annoncer un soutien « total » à l’Iran. Il a affirmé que son pays défendrait les intérêts iraniens sur toutes les tribunes internationales, prenant clairement parti dans un conflit qui divise le monde musulman. Cette déclaration marque une rupture nette avec toute posture d’équilibre : Islamabad opte pour un alignement assumé avec Téhéran, dans un moment où peu d’acteurs régionaux osent franchir ce cap publiquement.
Un appel à rompre avec Israël
Mais le ministre pakistanais ne s’est pas arrêté là. Il a lancé un appel direct aux pays musulmans entretenant encore des relations avec Israël, les exhortant à couper immédiatement tous les liens diplomatiques. Pour Islamabad, le danger ne se limite pas à l’Iran : la Palestine et d’autres nations seraient également visées par la politique offensive de Tel-Aviv. Cette position montre une volonté de créer un front islamique uni contre Israël. Le Pakistan réclame une réunion urgente de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) afin d’élaborer une riposte collective.
Un choix stratégique aux répercussions régionales
En se plaçant sans détour aux côtés de l’Iran, le Pakistan rompt avec l’ambiguïté géopolitique qui caractérisait jusqu’alors sa diplomatie dans les tensions israélo-iraniennes. Ce positionnement peut redessiner les équilibres au sein du monde musulman, à un moment où plusieurs pays arabes, autrefois solidaires de la cause palestinienne, ont normalisé leurs relations avec Israël. L’attitude d’Islamabad contraste avec celle de ces États qui misent sur des partenariats économiques ou sécuritaires avec Tel-Aviv, quitte à froisser certaines opinions internes.
Le choix du Pakistan s’inscrit dans une logique de solidarité mais aussi de mise en garde : pour Khawaja Asif, si les États musulmans ne s’unissent pas aujourd’hui, ils seront demain les cibles d’une stratégie israélienne de domination par la force. Cette déclaration révèle autant une prise de position idéologique qu’un calcul stratégique dans un échiquier régional en pleine recomposition. Alors que le conflit entre Israël et l’Iran menace de s’étendre, Islamabad a cessé d’observer de loin. Il a pris parti.
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