L’Afrique ne veut plus calquer ses trajectoires économiques sur des modèles venus d’ailleurs. Partout sur le continent, des voix s’élèvent pour repenser les priorités : au lieu de viser une croissance brute qui creuse les écarts, les décideurs misent sur une approche enracinée dans les réalités locales, attachée à la justice sociale et à la souveraineté économique. L’objectif n’est plus seulement de générer de la richesse, mais de savoir comment elle est produite, par qui, et pour qui. Des initiatives en faveur de la transformation locale, de la valorisation des savoirs traditionnels et du renforcement des petites entreprises montrent que cette volonté de rupture est en marche. Le Maghreb apparaît donc comme un espace stratégique de réflexion collective, là où se croisent ambitions africaines, partenariats régionaux et exigences sociales.
Repenser le rôle de l’entreprise dans la société
À Marrakech les 24 et 25 juin, plus de deux cents acteurs issus de milieux variés ont débattu d’une problématique essentielle : comment aligner le fonctionnement des entreprises sur les principes de respect des droits fondamentaux ? Loin des discours abstraits, les discussions ont mis en évidence une réalité de plus en plus partagée : les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites, ont un rôle décisif à jouer dans la lutte contre les inégalités et dans la préservation de la dignité humaine. À travers plusieurs discussions, il est apparu que le modèle traditionnel de rentabilité à tout prix est aujourd’hui remis en cause. Le monde économique est invité à se réinventer, non plus comme un simple producteur de richesses, mais comme un acteur social à part entière.
Un forum pour dessiner des alternatives concrètes
Ce rendez-vous régional, organisé avec le soutien d’institutions publiques et de partenaires internationaux, a été conçu comme un espace de construction d’idées nouvelles. Ce qui en ressort, c’est une volonté de faire émerger une culture économique où la rentabilité ne se fait pas au détriment de la justice. Plutôt que de traiter les droits humains comme un supplément d’âme, les participants ont plaidé pour les intégrer dans le cœur même des stratégies d’entreprise. À travers des échanges croisés entre acteurs de terrain et experts, plusieurs pistes ont été évoquées : amélioration des conditions de travail, lutte contre les discriminations dans l’emploi, transparence dans les chaînes d’approvisionnement, ou encore implication active des entreprises dans les dynamiques locales de développement. Ces propositions, loin d’être théoriques, traduisent un besoin pressant de réforme en profondeur.
Une éthique entrepreneuriale comme condition de stabilité économique
Ce forum arabo-africain n’a pas été un simple colloque de plus. Il marque un tournant dans la manière dont les économies du Maghreb et du continent envisagent l’avenir. Les intervenants ont souligné que la stabilité économique ne peut se construire sur l’exclusion ou sur des modèles qui ignorent les droits les plus élémentaires. Si l’entreprise veut conserver sa légitimité, elle doit désormais composer avec des attentes sociales fortes, dans un contexte où les citoyens exigent plus de transparence, d’équité et de responsabilité. Le Maghreb, à travers ce type d’initiatives, tente de tracer un chemin nouveau : celui d’un développement équilibré, où la réussite économique ne se mesure pas seulement aux bénéfices engrangés, mais aussi aux progrès sociaux qu’elle permet d’engendrer.
Laisser un commentaire