Le 11 juin, le gouvernement malien a adopté en conseil des ministres un projet de loi modifiant la Charte de la Transition. Celle-ci prévoit de confier au président de la Transition, le général Assimi Goïta, un mandat de cinq ans renouvelable à partir de 2025, sans passer par des élections. Cette mesure, désormais soumise au Conseil national de transition, officialise la prolongation de la gouvernance militaire dans un cadre institutionnel renouvelé.
Selon la communication officielle, ce choix s’inscrit dans la nécessité de prioriser la sécurité face aux menaces persistantes dans certaines régions, d’où l’absence de conditionnalité électorale et l’inscription d’une gestion prolongée des institutions de transition.
Une transition prolongée au nom de la stabilité
Selon la version gouvernementale, l’urgence sécuritaire empêche toute tenue d’élections « crédibles ». Dans plusieurs zones du pays, notamment au nord et au centre, des groupes armés continuent de menacer civils et forces nationales. Les autorités affirment que la consolidation du territoire et la lutte contre les groupes terroristes doivent primer sur le calendrier politique. Le Mali s’inscrit ainsi, aux côtés du Burkina Faso et du Niger, dans l’Alliance des États du Sahel, en privilégiant une approche sécuritaire commune et un report explicite des échéances électorales .
Les perspectives de l’opposition
L’opposition, fragmentée mais unie sur ce point, dénonce un « recul démocratique ». Plusieurs formations, dont l’Union pour la sauvegarde de la République, prévoient de saisir la Cour constitutionnelle contre la dissolution des partis politiques ; ils estiment cette mesure contraire aux principes constitutionnels. Des mouvements citoyens ont organisé des rassemblements pro-démocratie le 3 mai à Bamako, malgré la suspension des activités politiques. Leur message principal : ce mandat prolongé et cette restriction des partis affaiblissent le pluralisme et creusent l’écart avec un retour à un régime civil (hrw.org).
Des perspectives institutionnelles redéfinies
La révision de la Charte refonde le cadre politique malien. Le maintien du général Assimi Goïta pour une durée renouvelable s’appuie sur l’idée d’efficacité dans la lutte sécuritaire. Toutefois, l’absence de calendrier électoral et la suspension des partis politiques soulèvent des doutes sur l’ouverture future du système politique et la participation citoyenne. Cette orientation, fondée sur une refondation étatique centrée sur le sécuritaire, devra démontrer son efficacité pour stabiliser durablement le pays et préparer un retour à la normalité constitutionnelle.
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