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Proposition sexuelle et prostitution en ligne : La face cachée des réseaux sociaux

Photo : DR

Derrière les selfies et les publications quotidiennes sur les réseaux sociaux se dissimule un monde parallèle. Les applications de rencontres et les réseaux sociaux sont devenus les nouveaux terrains de la prostitution 2.0. Pour comprendre cette réalité cachée, plusieurs utilisateurs de ces plateformes ont accepté de témoigner avec des noms d’emprunt.

Les applications de rencontres, conçues pour faciliter des rencontres amoureuses ou amicales, sont devenues des terrains d’échange bien plus complexes. « J’ai téléchargé une application de rencontre sur téléphone pour rencontrer mon âme sœur, mais sur dix profils, six me proposent directement ou indirectement des services sexuels tarifés », raconte Pascal, 34 ans, cadre dans une entreprise à Cotonou. Il n’est pas le seul à faire ce constat. Plusieurs utilisatrices qui sont inscrites sur des plateformes pour faire des rencontres nous ont confié que la majorité de leurs interlocuteurs proposent des plans tarifés.

Ce qui était autrefois des plateformes de rencontres se transforme en un lieu où se côtoient flirt, désirs, mais aussi transactions sexuelles déguisées. La « prostitution numérique » s’affranchit des limites imposées par les espaces physiques, où l’intimité et les échanges sont souvent plus explicites. À Cotonou, comme dans d’autres villes, les plateformes de rencontre deviennent des vitrines de services sexuels, un phénomène que l’on pourrait qualifier de « prostitution 2.0 ».

Une transformation des lieux et des modes de contact

Ce qui est encore plus frappant, c’est la migration de ces pratiques vers les réseaux sociaux grand public. Des groupes fermés, sous des intitulés tels que « Rencontres VIP » ou « Soirées entre adultes », sont devenus de véritables marchés pour les services sexuels, souvent dissimulés sous des prétextes anodins. Ces groupes sont souvent un point de rencontre pour les travailleuses du sexe et leurs clients, où les tarifs, les photos, et les offres sont échangés dans l’ombre.

Des « intermédiaires », ces acteurs invisibles mais influents, proposent aussi leurs services de mise en relation, disposant de carnets d’adresses contenant les contacts de « travailleuses de sexe ». Ceux-ci prennent une commission sur chaque transaction, allant jusqu’à 30 % parfois selon des indiscrétions, pour faciliter la rencontre et garantir la discrétion des deux parties.

La réalité des travailleuses du sexe numérique

Le phénomène dépasse les frontières du Bénin. À Lomé, Abidjan, ou encore Accra, des jeunes femmes comme Bénédicte, 26 ans, gèrent plusieurs profils : un profil pour les amis et la famille, un avec un pseudo pour tester les interlocuteurs, et un pour gérer les clients réguliers. Blessing, une « travailleuse » anglophone installée à Cotonou, explique : « Ici, personne ne connaît ma famille, alors c’est plus facile. » À travers ces plateformes, elles se construisent des facettes multiples, tout en maintenant une apparence de normalité dans leurs interactions sociales.

Les pratiques sont de plus en plus codées et efficaces. Après un premier échange sur l’application de rencontre, la discussion se déplace rapidement vers WhatsApp, où les négociations deviennent plus directes. « Sur les applications de rencontre, je ne parle jamais explicitement de sexe ou d’argent. Je propose seulement qu’on ‘passe un bon moment ensemble’ », indique Fifamè. Une fois la conversation déplacée sur WhatsApp, le « menu » est dévoilé, où chaque prestation est tarifée de manière claire, et les conditions de la rencontre sont discutées dans les moindres détails.

Une flexibilité nouvelle mais des risques persistants

L’utilisation des plateformes numériques offre à ces jeunes filles une flexibilité qu’elles n’avaient pas dans les méthodes traditionnelles. L’une d’elles confie qu’auparavant, elle devait sortir tous les soirs, souvent sous la pluie, mais qu’aujourd’hui, elle peut tout négocier depuis chez elle, gérer ses rendez-vous et même étudier en parallèle. Cette nouvelle organisation de travail est bien plus pratique pour elle. L’apparition du mobile money a renforcé cette flexibilité, permettant des paiements sécurisés avant les rencontres. Certaines expliquent qu’elles demandent parfois un acompte à leurs clients pour s’assurer du sérieux du client et garantir ainsi leur sécurité.

Cependant, cette transition vers le numérique n’élimine pas les risques associés à ces pratiques. Le fait de rencontrer des inconnus après une simple discussion en ligne expose ces jeunes femmes à des dangers réels. La difficulté pour elles d’évaluer les intentions des clients malveillants est accrue dans ce cadre virtuel. De plus, la régulation de ces échanges reste extrêmement compliquée, et les structures de prévention ou de soutien adaptées à cette nouvelle forme de travail du sexe demeurent quasi inexistantes.

Les plateformes face à l’impuissance de leur modération

Les plateformes de rencontre interdisent formellement la sollicitation de services sexuels, en précisant que « tout contenu commercial, y compris la sollicitation de services sexuels ou de relations de type ‘sugar daddy’, est interdit ». Mais, dans la réalité, leur modération est souvent mise à mal par l’ingéniosité des utilisatrices. En effet, de nombreuses travailleuses du sexe réussissent à contourner les filtres grâce à des astuces comme le recours à un langage codé. Par exemple, une utilisatrice   a écrit sur son profil : « Bonjour discutons et rencontrons-nous merci beaucoup. Mon numéro cinquante quatre quatre-vingt douze XX XX ». Une autre: « Je 5Viens 0de Gambie XX et je Xam XmasseuseX X » (les lettres « X » remplacent les chiffres d’un numéro fonctionnel au Bénin)

Cela met en évidence les limites des plateformes, incapables d’endiguer de manière efficace ce phénomène. Bien que les applications mettent en œuvre des systèmes de surveillance et de signalement, leur régulation reste insuffisante pour endiguer une réalité aussi complexe et cachée.

Les probables causes

Avec la révolution numérique et le développement des technologies, ce phénomène révèle une réalité sociale plus profonde. Beaucoup de ces jeunes femmes se retrouvent livrées à elles-mêmes, sans opportunités économiques tangibles ni perspectives d’avenir. L’absence de perspectives d’avenir pousse ces jeunes femmes vers ce qu’elles perçoivent, à tort ou à raison, comme une stratégie de survie. Les réseaux sociaux offrent un outil moderne qu’elles utilisent sans mesurer les risques associés, dans l’espoir de s’en sortir financièrement. Cependant, cette accessibilité numérique expose ces jeunes femmes à des dangers considérables, entre la perte de contrôle sur leur image et les risques d’exploitation, souvent exacerbés par l’anonymat et l’absence de régulation.

La transition numérique du travail du sexe soulève des interrogations sur la capacité de ces jeunes filles à choisir des alternatives économiques durables, plutôt que de céder à la facilité. Elle met également en lumière les fractures sociales, montrant comment les nouvelles technologies, loin de réduire les inégalités, peuvent parfois les exacerber.

Les répercussions sociales

La prostitution numérique, qui s’effectue désormais derrière des profils soignés et des conversations codées, s’inscrit dans un processus de transformation sociale profonde. Les réseaux sociaux, conçus pour favoriser la communication et l’échange, deviennent des espaces où de vieilles pratiques comme la prostitution se réinventent, s’adaptent, et trouvent de nouvelles voies pour prospérer.

Les technologies numériques et les services financiers en ligne, comme le mobile money, facilitent et normalisent ces transactions. Ce qui semblait autrefois marginal et caché devient désormais un phénomène en pleine expansion, qui interroge sur les dérives sociales engendrées par cette évolution technologique.

Derrière chaque profil virtuel se cache une réalité sociale complexe, souvent invisible mais bien réelle. Si les nouvelles technologies ont facilité la vie de nombreux Béninois, elles ont aussi créé des espaces propices à des pratiques qui généralement se faisaient loin des regards. À quel prix cette liberté numérique est-elle obtenue ? Cette face cachée des réseaux sociaux nous invite à repenser les limites de la technologie et son impact sur les comportements sociaux, même les plus controversés.

5 réponses

  1. Avatar de Tchité
    Tchité

    Labourons la terre, et nos la pstitution.

  2. Avatar de Me Jacques Vergès
    Me Jacques Vergès

    1-Le plus vieux métier du monde que je sache, est le labour de la terre. Vous répétez bêtement les occidentaux sans trop utiliser votre congolo dixit @Tchite
    Tu ferais mieux de la boucler. Tais-toi vieille cloche 🛎 qui t’a sonnée ???

  3. Avatar de Tchité
    Tchité

    1-Le plus vieux métier du monde que je sache, est le labour de la terre. Vous répétez bêtement les occidentaux sans trop utiliser votre congolo.

    En ce qui concerne l’usage des réseaux sociaux et l’Internet à des fins peu recommandées, c’est un phénomène mondial. On voit ça aussi en Occident avec les traffic de stupéfiants et la pstitution. Certes il faut créer des opportunités économiques, mais avant tout, il faut retourner à la tradition et au meurs qui interdisent des dérivent sociétales. Il y avait bien des règles et Ossou chez nous avant l’arrivée du yovo avec ses dérivent religieuse et sociétales.

    1. Avatar de Me Jacques Vergès
      Me Jacques Vergès

      1-Le plus vieux métier du monde que je sache, est le labour de la terre. Vous répétez bêtement les occidentaux sans trop utiliser votre congolo dixit @Tchite
      Tu ferais mieux de la boucler. Tais-toi vieille cloche 🛎 qui t’a sonnée ???

  4. Avatar de Me Jacques Vergès
    Me Jacques Vergès

    Un faux débat . Pourquoi stigmatiser sans s’interroger sur les réelles causes de ce fait récurrent de société ??? Nos sociétés vont mal . Les femmes sont en proies à des difficultés sociales et pratiquer de façon sournoise le plus vieux métier au monde permet d’avoir un statut social. Et ce phénomène touche les femmes de toutes les catégories sociales.
    Cherchez l’erreur

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