Rivalités au Maghreb : une nouvelle attaque revendiquée

Depuis des décennies, les relations entre l’Algérie et le Maroc sont empoisonnées par une rivalité persistante. L’héritage de la guerre des Sables en 1963, les positions opposées sur le Sahara occidental, la fermeture continue de la frontière terrestre depuis 1994 et les accusations mutuelles d’ingérence et de sabotage ont instauré un climat de méfiance structurelle. Chaque crise diplomatique semble rallumer une braise qui n’a jamais complètement cessé de couver. Si la coopération économique et politique entre les deux voisins maghrébins reste à l’arrêt, c’est bien parce que chacun voit dans l’autre un obstacle à son ambition régionale. Les cyberattaques deviennent donc de nouvelles armes silencieuses dans une guerre d’influence de plus en plus technologique.

Des pirates visent la justice marocaine

Un groupe de hackers algériens, nommé Jabaroot, a déclaré ce lundi, avoir piraté les serveurs du ministère marocain de la Justice. Sur Telegram, ils annoncent avoir mis la main sur des fichiers sensibles concernant le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, ainsi que sur près de 5 000 juges et 35 000 autres responsables judiciaires.

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L’attaque ne serait pas motivée par un simple goût du défi technologique. Les pirates expliquent vouloir dénoncer les dérives et les injustices du système judiciaire marocain. Selon eux, ces révélations devraient servir à « réveiller le peuple marocain ». Leur message montre une volonté assumée de reprendre les hostilités numériques.

Le silence des autorités, la pression des hackers

Jusqu’ici, les autorités marocaines n’ont pas commenté l’attaque. Ce silence est perçu par les pirates comme une forme d’aveu ou d’impuissance. Ils exigent que le ministre de la Justice assume ses responsabilités et quitte son poste s’il est incapable de répondre à la situation. Une manière directe de faire porter le poids politique de l’affaire sur ses épaules.

Les hackers ne se contentent donc pas de publier des données : ils posent des conditions et veulent imposer un rapport de force. Leur objectif n’est pas que technique, il est aussi politique.

Une guerre sans soldats, mais bien réelle

Cet épisode s’ajoute à une série d’hostilités numériques entre les deux pays. Dans cette rivalité, plus besoin de chars ou d’armes : les claviers et les codes remplacent les fusils. Le Maroc, souvent perçu comme un îlot de stabilité dans la région, voit ici l’un de ses piliers institutionnels directement visé.

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Cette guerre discrète mais persistante fait peser une menace sur la sécurité des institutions. Elle rappelle surtout que les conflits modernes ne se jouent plus seulement dans les couloirs des ambassades, mais aussi dans les profondeurs du web.

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