Sénégal : Convoqué par la gendarmerie, le maire Djibril Sonko s'explique

La lutte contre la mauvaise gestion des deniers publics continue de secouer les mairies au Sénégal. Après les arrestations retentissantes de Moustapha Diop et de Mansour Faye, anciens édiles proches de l’ex-pouvoir, c’est désormais autour de Djibril Sonko, maire de Ziguinchor, de faire face à la justice. Ce lundi 2 juin 2025, il doit répondre à une convocation émise par la Section de recherches de la gendarmerie dans le cadre d’une enquête sur un présumé détournement de fonds municipaux.

Des soupçons sur la gestion des recettes locales

L’affaire porte sur une somme d’environ 27 millions de francs CFA, issue de la vente de vignettes et de tickets municipaux. Selon les informations disponibles, les investigations visent à élucider des manquements dans la gestion de ces recettes, collectées pour le compte de la mairie. Mais à la veille de son audition, Djibril Sonko a tenu à désamorcer toute interprétation hâtive en publiant un communiqué dans lequel il affirme ne pas être personnellement impliqué dans ces irrégularités.

Il y précise avoir été convoqué uniquement en tant que maire, pour apporter des éclaircissements sur les dysfonctionnements attribués à un agent municipal. Son objectif, dit-il, est de contribuer à faire la lumière sur les faits, tout en marquant clairement la séparation entre sa responsabilité politique et les actions individuelles de ses collaborateurs administratifs. Un message qui vise sans doute à préserver son image dans un contexte politique particulièrement tendu.

Une atmosphère de rigueur renforcée

La convocation de Djibril Sonko s’inscrit dans une séquence marquée par une volonté manifeste des autorités judiciaires de rétablir la discipline dans la gestion des fonds publics, notamment au niveau local. Les récentes arrestations d’anciens maires pour des faits liés au fonds COVID ont contribué à installer un climat de vigilance généralisée, où chaque irrégularité, même minime, peut déboucher sur une procédure judiciaire.

Dans ce climat de méfiance, la moindre suspicion devient rapidement un sujet de débat public. Les élus locaux, désormais sous pression, doivent non seulement veiller à la régularité des opérations financières, mais aussi à l’image que renvoie leur gestion. Une seule défaillance administrative suffit à écorner une réputation, surtout quand elle est relayée à grande échelle sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Transparence et responsabilités partagées

Au-delà de cette affaire spécifique, la situation remet en lumière les lacunes structurelles qui affectent la gestion municipale dans de nombreuses collectivités. Entre les responsabilités mal définies, les failles dans les procédures de contrôle interne et la complexité des circuits de recettes, les marges d’erreur restent nombreuses. Dans de telles conditions, le rôle de l’élu devient particulièrement délicat : il lui faut superviser sans empiéter, déléguer sans relâcher.

L’audition de Djibril Sonko prévue ce jour permettra peut-être de préciser les contours de cette affaire, mais elle souligne déjà la nécessité d’un encadrement plus rigoureux de la gestion locale. Car si l’exigence de redevabilité est désormais incontournable, elle doit s’accompagner d’outils efficaces pour prévenir les dérives et protéger à la fois les fonds publics et ceux qui en ont la charge.

Laisser un commentaire