Sénégal : "Face à l'inertie" les médecins spécialistes maintiennent leur grève

Le 13 juin dernier, les rues de Dakar ont vu défiler en blouse blanche les médecins en spécialisation, partis de l’Université Cheikh Anta Diop jusqu’à la Place de l’Obélisque. Une manifestation rare dans le secteur médical, organisée pour exprimer leur exaspération croissante face à ce qu’ils perçoivent comme un mépris institutionnel. Ce cortège déterminé, avait pour objectif de rappeler que ces praticiens, bien que toujours en formation, assurent une grande partie des soins hospitaliers dans les services spécialisés. Leur mobilisation traduit un ras-le-bol profond : absence de statut clair, retards de paiement des bourses, conditions de travail jugées indignes. Un message avait été lancé au gouvernement, sans retour tangible à ce jour.

Une grève sans garde ni urgence

Face à l’absence de réponse concrète, le Collectif des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens-Dentistes en Spécialisation (COMES) a annoncé une nouvelle étape. À partir du dimanche 15 juin, une grève renouvelable de 120 heures est enclenchée, cette fois sans le moindre service minimum. Ni consultations, ni urgences, ni gardes ne seront assurées. Une rupture assumée par les grévistes, qui dénoncent l’ »inertie » du ministère de la Santé et du ministère de l’Enseignement supérieur. Cette décision met une pression inédite sur les structures sanitaires du pays, déjà confrontées à des défis de personnel et d’organisation. Les hôpitaux doivent désormais faire face à une situation d’impasse, dans laquelle les patients sont les premières victimes.

L’urgence d’un dialogue réel

Le mouvement du COMES révèle une fracture persistante entre les professionnels de santé en formation et les autorités qu’ils interpellent. Derrière les revendications matérielles et statutaires se cache une question plus large : comment valoriser ceux qui seront demain les spécialistes du système de santé sénégalais ? La rupture du dialogue avec les ministères concernés fragilise les perspectives de résolution rapide, et la radicalisation du mouvement pourrait préfigurer d’autres mobilisations dans le secteur. Pour nombre d’observateurs, cette crise est aussi un test de la volonté politique de reconnaître l’apport crucial des jeunes médecins et d’engager des réformes structurelles dans le monde hospitalier. En attendant, les blouses blanches continuent de battre le pavé… ou de rester chez elles.

Laisser un commentaire