Sénégal : Fakenews d’une déclaration de l’ex président gambien sur les hydrocarbures

Photo de Kon Karampelas

Depuis quelques jours, une courte séquence relayée sur TikTok a enflammé les réseaux sociaux entre Dakar et Banjul. On y voit l’ancien président gambien Yahya Jammeh accuser le Sénégal d’exploiter illicitement les ressources pétrolières de la Gambie. Il y exprime également une vive déception à l’égard du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko. La diffusion de cette vidéo a suffi pour déclencher une vague de commentaires passionnés, parfois haineux, dans les deux pays. Entre moqueries, insultes et appels à la méfiance, les internautes ont plongé dans une escalade verbale qui illustre la fragilité des perceptions transfrontalières en période de forte exposition médiatique.

Un contenu sans fondement et sans vérification

À l’heure actuelle, aucune déclaration officielle n’est venue confirmer l’authenticité ou la récence de ces propos. Ni les autorités gambiennes ni les institutions sénégalaises n’ont validé le contenu de la vidéo. Pire encore, aucune trace d’une allocution publique récente de Yahya Jammeh sur les hydrocarbures n’a été retrouvée, ce qui suggère fortement une manipulation, voire un montage isolé de son contexte. Le climat numérique, où l’émotion précède souvent la vérification, a permis à cette rumeur de prospérer sans résistance. C’est un peu comme une étincelle jetée sur un champ de paille sèche : les réactions se sont propagées à toute vitesse, sans que personne ne prenne le temps de regarder d’où venait réellement la flamme.

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Entre méfiance historique et influence algorithmique

Ce type de désinformation ne prospère pas dans le vide. Il s’ancre dans une histoire commune complexe, marquée par des relations souvent ambiguës entre les deux pays, et dans un espace numérique où les algorithmes privilégient les contenus les plus polarisants. Une vidéo floue mais explosive sera toujours plus mise en avant qu’un communiqué officiel ou un démenti factuel. Cela pose une question cruciale : comment préserver la confiance entre peuples voisins lorsque des montages anonymes peuvent semer le doute en quelques clics ? La propagation rapide de cette fausse déclaration montre à quel point les plateformes numériques sont devenues des terrains d’affrontements symboliques, où la vérité doit lutter pour se faire entendre.

Ce nouvel épisode appelle à une vigilance accrue face aux contenus viraux, surtout quand ils mettent en jeu des sujets aussi sensibles que les ressources naturelles. Au-delà de la vérification technique, c’est la responsabilité collective – citoyens, médias, plateformes – qui doit être interrogée pour éviter que la désinformation ne creuse davantage les fossés entre des peuples liés par la géographie, l’histoire et l’intérêt commun.

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