Plus de quatre ans après l’explosion d’un puits de gaz à Gadiaga, les conséquences de l’incident continuent de peser lourdement sur la société Fortésa et, surtout, sur ses travailleurs. L’explosion, survenue en décembre 2020, avait provoqué un incendie spectaculaire et coûté la vie à un ingénieur, Michael Gunning. Depuis, les opérations n’ont jamais véritablement repris leur rythme, et les conditions de travail se sont profondément dégradées. Loin d’être un simple accident industriel isolé, l’événement a laissé un champ de ruines économiques et sociales dans le quotidien de plus d’une centaine de salariés.
Les travailleurs, aujourd’hui encore marqués par cet épisode, font face à des difficultés qui dépassent largement le strict cadre professionnel. Outre les retards chroniques de salaire – certains ne percevant que 25 à 75 % de leur rémunération mensuelle – la couverture médicale a été interrompue depuis maintenant trois ans. Cette absence de protection sociale dans un secteur aussi risqué soulève des inquiétudes sur les obligations sociales de l’entreprise. Plusieurs employés témoignent d’un sentiment d’abandon et d’usure face à un avenir professionnel qui s’est obscurci depuis le drame.
Salaires en suspens et climat social tendu
Alors que les mois sans salaire s’accumulent, la tension monte au sein des effectifs de Fortésa. Le 2 juin dernier, un préavis de grève a été déposé par le collège des délégués, qui a choisi de rendre publique la situation à travers les ondes de la radio Sud FM. Ce geste marque un tournant pour des employés longtemps restés discrets, malgré les retards de paiements et la précarité grandissante. Plus qu’un signal d’alerte, c’est l’expression d’un malaise qui n’a cessé de s’approfondir.
L’arrêt brutal a entraîné une mise en sommeil de certaines activités clés. L’onde de choc de l’explosion ne s’est pas limitée aux installations techniques : elle a également fracturé la relation entre la direction et les employés. Le manque de visibilité sur la reprise, associé à l’absence de dialogue structuré, renforce le sentiment de blocage. Pour les travailleurs, cette situation n’est plus tenable, et la menace de la grève pourrait transformer une crise sociale latente en confrontation ouverte.
Entre responsabilités partagées et attente de solutions
La situation actuelle soulève plusieurs questions sur la gouvernance du site et les mécanismes de gestion de crise dans les industries extractives. Comment une entreprise opérant dans un secteur aussi stratégique peut-elle laisser plus de 100 salariés sans couverture médicale pendant trois ans ? Comment expliquer l’incapacité à stabiliser les rémunérations des employés, malgré le temps écoulé depuis l’incident ? Si l’accident de 2020 fut une tragédie humaine et technique, l’absence de plan de résilience pour les équipes sur le terrain prolonge cette tragédie au quotidien.
Fortésa, tout comme ses éventuels partenaires institutionnels ou privés, reste attendu sur des mesures concrètes. Au-delà de la relance industrielle, c’est une réparation sociale qui est demandée, fondée sur la reconnaissance des efforts fournis et des droits des salariés. La situation actuelle, faite d’attente, de frustration et d’inquiétude, ne pourra se résoudre durablement que par un dialogue franc et des actes tangibles. Pour les travailleurs de Gadiaga, chaque jour passé sans réponse est un rappel douloureux d’un incendie qui ne s’est jamais vraiment éteint.
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