Au Sénégal, la composition et le fonctionnement des instances décisionnelles dans le secteur parapublic sont de nouveau au centre des échanges du gouvernement. Le Premier ministre Ousmane Sonko, lors du dernier Conseil des ministres tenu le 18 juin, a soulevé une série de dysfonctionnements jugés préoccupants pour la qualité du service public. Cette mise en garde intervient alors que certains acteurs politiques et citoyens rappellent l’une des promesses phares de la campagne électorale : généraliser les appels à candidatures pour les postes de responsabilité publique. Une promesse encore inaboutie, qui accentue les attentes autour d’un changement profond de gouvernance.
Des pratiques obsolètes pointées du doigt
La critique portée par le chef du gouvernement repose sur plusieurs constats : des réunions préparatoires aux conseils d’administration qui ne sont pas tenues, un manque de transparence dans les prises de décision, des comptes rendus qui ne sont pas systématiquement produits ni archivés, et la présence prolongée de certains administrateurs au-delà de la durée légale de leur mandat. Autant d’irrégularités qui affectent le fonctionnement stratégique des entités parapubliques.
Ce tableau révèle également un problème de compétence et de légitimité. Certains représentants siégeant dans ces instances sont critiqués pour leur inadéquation avec les responsabilités attendues, ce qui affecte la qualité des délibérations. Le Premier ministre a exigé des ministres une réaction immédiate : revoir sans délai la composition des organes délibérants pour restaurer l’efficacité administrative.
L’enjeu du profil des administrateurs
Derrière cette exigence, se cache une question de fond : comment garantir que les administrateurs soient choisis sur la base de leur expertise, et non par convenance politique ou clientéliste ? C’est précisément sur ce point que les appels à candidatures avaient été perçus comme une piste crédible pour assainir les pratiques. Leur non-généralisation alimente une forme de scepticisme dans l’opinion, qui perçoit dans la situation actuelle un retour aux anciennes habitudes de gestion opaque et politisée.
Le cas de certaines sociétés parapubliques emblématiques, comme la SENELEC ou la Poste, illustre la nécessité d’avoir des conseils d’administration solides, composés de profils diversifiés mais compétents. Le non-respect des procédures, l’absence de rigueur documentaire ou encore l’obsolescence des mandats peuvent y ralentir la mise en œuvre de réformes urgentes, notamment en matière de digitalisation ou de redressement financier.
Une gouvernance publique à repenser
La déclaration du Premier ministre laisse entrevoir un projet de transformation plus global de l’administration publique. Au-delà de la recomposition des organes de décision, c’est toute une culture de gouvernance fondée sur la responsabilité, la transparence et l’efficacité qui semble recherchée. Il reste toutefois à voir comment cette volonté se traduira concrètement, notamment dans le respect des critères de sélection, l’inclusion de profils qualifiés et le suivi rigoureux de la régularité des réunions et décisions.
Dans un contexte où les ressources publiques sont sous pression, chaque manquement dans la chaîne décisionnelle a un coût, non seulement financier, mais aussi en termes de confiance citoyenne. La balle est désormais dans le camp des ministères sectoriels, appelés à revoir leurs pratiques sans attendre de nouvelles injonctions.
Laisser un commentaire