À l’approche de la Tabaski, période où les familles sénégalaises s’activent autour de l’achat du mouton, le Président Bassirou Diomaye Faye s’est rendu sur le terrain pour évaluer de visu les conditions d’approvisionnement. Ce déplacement, effectué dans deux points de vente à Dakar, n’avait rien de protocolaire : le chef de l’État a pris le temps d’échanger avec les vendeurs, d’observer les prix affichés, mais aussi de s’enquérir de la provenance et de la qualité des animaux. Cette démarche a attiré l’attention, d’autant plus que la pression économique qui pèse sur de nombreuses familles rend l’achat du mouton de plus en plus difficile chaque année. Le simple fait de voir le Président dans ces lieux familiers a été perçu par certains comme un geste de proximité, mais aussi comme un signal politique dans un contexte où le coût de la vie reste un sujet brûlant.
Sobriété assumée, message politique
Interpellé sur le prix qu’il a lui-même payé pour son mouton, le président Diomaye a évité toute surenchère. Il a fait savoir qu’il avait volontairement opté pour des moutons de taille moyenne, financièrement accessibles. Derrière ce choix, un message clair : la Tabaski ne doit pas être une source de surendettement ni de sacrifice financier démesuré pour les chefs de famille. Ce n’est pas la taille du mouton, mais l’esprit de partage et de piété qui doit primer. En rompant avec les pratiques ostentatoires souvent associées à cette fête, le président tente de promouvoir un modèle de consommation plus responsable, en accord avec les réalités de nombreux foyers. Cette posture, qui tranche avec les habitudes de certains responsables publics, invite implicitement à une forme de cohérence entre discours et pratique.
Un symbole fort dans un contexte économique contraint
La sortie présidentielle et sa prise de position sur la sobriété interviennent à un moment où les ménages sénégalais font face à des arbitrages douloureux. Le prix des moutons connaît des hausses récurrentes, sous l’effet combiné de la spéculation, du coût du transport et de l’insuffisance de l’offre locale. Pour beaucoup, le choix de Diomaye Faye s’apparente à un signal d’empathie et de réalisme, voire à un appel à redéfinir les priorités. En s’éloignant de la démonstration de prestige, le président renvoie chaque citoyen à une réflexion sur le sens véritable de la fête. Dans un pays où les pressions sociales liées à la Tabaski peuvent pousser certains à s’endetter lourdement, ce positionnement présidentiel a le mérite de replacer le débat sur l’essentiel : l’équilibre entre tradition, dignité et lucidité.
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