Sénégal : L’affaire des élèves tricheurs de Thiès sans suite pénale

Photo d'illustration

Quelques semaines après les fuites enregistrées lors d’un bac blanc à Dakar, le spectre de la triche revient hanter le système éducatif sénégalais. Cette fois, c’est à Thiès que l’affaire a éclaté. Une trentaine d’élèves, dont onze filles, ont été interpellés pour avoir partagé via WhatsApp des épreuves d’examen en mathématiques, anglais et histoire-géographie. Si l’incident a suscité l’émoi au sein de la communauté éducative, il ne surprend pas totalement : selon l’Office du baccalauréat, les cas de fraude signalés ces dernières années sont presque tous liés à l’utilisation de téléphones portables.

L’épisode thiessois révèle une tendance inquiétante : les outils numériques, mal encadrés, deviennent de véritables relais de pratiques frauduleuses. Leur prolifération dans les établissements rend leur contrôle de plus en plus difficile, malgré les multiples rappels à la réglementation. Pourtant, la situation ne semble pas avoir évolué en profondeur depuis les scandales précédents. Entre négligence, complicité passive ou absence de mesures dissuasives, les failles du système persistent.

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Les élèves déférés puis libérés

Placés en garde à vue puis déférés devant le parquet, les élèves ont finalement été relâchés sans qu’aucune arrestation formelle ne soit annoncée. Cette issue, bien qu’apaisante pour les familles, soulève des interrogations sur la capacité de l’appareil judiciaire à décourager ce type d’agissements. L’ouverture d’une procédure n’a pas abouti à des poursuites, du moins pour le moment. En attendant, la question de la sanction – éducative ou pénale – reste entière.

Dans un contexte où l’autorité de l’école est mise à l’épreuve, certains observateurs pointent le manque de régulation autour des smartphones dans les établissements, alors même qu’ils sont identifiés comme les principaux vecteurs de tricherie. D’autres plaident pour des campagnes de sensibilisation plus ciblées, voire pour une réforme des modalités d’examen afin de mieux prendre en compte les dérives technologiques.

Vers une refonte des pratiques de surveillance ?

Au-delà de l’émotion suscitée par cette affaire, elle relance le débat sur l’encadrement des examens au Sénégal. Entre le besoin de protéger la crédibilité des diplômes et l’impératif de justice éducative, l’État est placé devant un dilemme stratégique. La multiplication des incidents, dans différentes régions du pays, prouve que la triche n’est plus un phénomène marginal mais un symptôme d’un malaise plus profond.

Des voix s’élèvent déjà pour réclamer un durcissement du cadre réglementaire, avec des sanctions plus claires et une vigilance accrue. D’autres, au contraire, insistent sur la responsabilité des encadreurs, parfois débordés ou mal formés face à des pratiques qui évoluent aussi vite que les technologies elles-mêmes.

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En somme, l’affaire des élèves de Thiès n’est pas qu’un fait divers scolaire. Elle renvoie à un enjeu national : celui de restaurer la confiance dans les institutions éducatives, à l’heure où l’école doit incarner, plus que jamais, les valeurs de mérite, d’intégrité et d’égalité des chances.

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