Pendant des mois, la crédibilité du règlement intérieur de l’Assemblée nationale a été entachée par de sérieuses allégations. Des juristes, des parlementaires de l’opposition et des membres de la société civile avaient dénoncé un texte dévoyé, accusant l’institution de fonctionner avec une version falsifiée du document qui encadre ses travaux. Ce flou normatif avait alimenté des tensions, en particulier lors de débats sur la déclaration de politique générale et les pouvoirs du Premier ministre. Le vote massif du nouveau règlement intérieur (138 voix pour, une seule abstention) ce jeudi marque donc un basculement stratégique pour le Parlement sénégalais, qui souhaite rétablir des fondations claires pour son action.
Des outils renforcés pour contrôler et enquêter
Le nouveau texte apporte des transformations substantielles. Les Commissions d’enquête parlementaire gagnent en efficacité : leurs procédures sont désormais formalisées, les convocations deviennent obligatoires, et les audiences pourront être rendues publiques. Mieux encore, en cas d’éléments probants, les commissions auront la faculté de transmettre directement leurs dossiers au parquet, raccourcissant ainsi le chemin entre l’investigation parlementaire et la justice. En parallèle, un Comité permanent d’évaluation des politiques publiques est institué. Son rôle sera d’assurer un suivi régulier de l’action gouvernementale à travers des mécanismes de contrôle documentés, une innovation qui répond à une attente de longue date des députés soucieux d’exercer leur mission de veille au-delà du vote des lois.
Transparence et équilibre institutionnel repensés
La réforme introduit également des améliorations sur les procédures internes, telles que l’élection du président de l’Assemblée, la levée de l’immunité parlementaire ou le rôle de la Conférence des présidents, souvent critiquée pour son opacité. Signe d’un effort de modernisation, une chaîne parlementaire verra le jour pour permettre aux citoyens de suivre les travaux de leurs représentants en temps réel. Du côté de la majorité, on salue une avancée conforme à l’évolution des attentes démocratiques.
L’opposition, elle, met l’accent sur la redéfinition des équilibres de pouvoir et la nécessité de préserver la transparence institutionnelle. Ce nouveau texte, en refondant les règles du jeu parlementaire, pourrait bien contribuer à rétablir la confiance dans une institution régulièrement secouée par les controverses.
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