À Touba, le débat sur les faux médicaments refait surface avec une intensité particulière. Lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi par des professionnels de la pharmacie, les projecteurs ont été braqués sur un commerce parallèle qui continue de prospérer malgré les alertes répétées. Le marché illicite des médicaments, estimé à près de 12 milliards de FCFA selon le syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, constitue une menace directe pour la santé publique. En 2019 déjà, un documentaire de la Maison des Reporters révélait l’ampleur du phénomène. Pourtant, la prolifération de points de vente informels, en particulier dans les zones fortement peuplées comme Dakar ou Touba, démontre que les efforts menés jusque-là n’ont pas permis d’éradiquer le problème.
Des poursuites judiciaires en cours à Touba
Face à cette situation, les membres de l’Association des Régulateurs Pharmaceutiques (ARP) ont annoncé avoir entamé des procédures judiciaires contre plusieurs acteurs identifiés comme majeurs dans la distribution de médicaments non homologués. À Touba, cinq des plus gros dépositaires ont été ciblés. Deux d’entre eux sont déjà devant la justice, tandis que trois autres dossiers sont en cours de traitement. L’objectif est de démanteler les réseaux qui exploitent l’absence de contrôle et la vulnérabilité de certaines populations pour écouler des produits dangereux. Le Dr Ousseynou Mbaye, figure de l’ARP, a insisté sur le fait que ces vendeurs ne disposent d’aucune qualification reconnue et opèrent dans l’illégalité. Des opérations de surveillance ont été menées dans l’ensemble des régions, preuve que la lutte s’étend au-delà de la capitale religieuse.
Un appel à la rigueur légale et à la responsabilité collective
Le message des professionnels de santé est clair : il est urgent de faire appliquer strictement la législation pharmaceutique. La simple sensibilisation ne suffit plus. Comme l’a rappelé Serigne Ahmadou Bamba Ndour, les avocats des plaignants sont mobilisés pour obtenir des condamnations exemplaires. Ces actions judiciaires visent à stopper l’impunité dont bénéficient encore trop d’acteurs du secteur parallèle. Derrière chaque comprimé acheté sur une table de rue se cache un danger invisible : absence de dosage, contrefaçon, stockage inapproprié. L’enjeu est donc aussi moral que sanitaire. Si l’on veut que l’adage « Qui dit santé, dit bons médicaments » prenne tout son sens, les autorités, les pharmaciens, mais aussi les consommateurs doivent refuser collectivement la banalisation de ce commerce à haut risque.
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