Sur les collines de Popenguine, le vent transporte encore l’écho des pas du pape Jean-Paul II. Le 21 février 1992, le chef de l’Église catholique célébrait une messe en plein air devant des milliers de fidèles, bénissant la statue de la Vierge Noire et consacrant l’église comme basilique mineure. Ce geste, à la fois spirituel et historique, a solidifié la place de Popenguine comme cœur battant du catholicisme sénégalais. Trente-trois ans plus tard, la mémoire de cet instant sacré se mêle aux pas des pèlerins venus, une fois encore, puiser force et espérance au sanctuaire marial.
Un pèlerinage où se rejoignent générations et convictions
Le 137ᵉ pèlerinage marial de Popenguine, qui se déroulé du 7 au 9 juin 2025, rassemble une foule immense. Ils sont 26000 marcheurs; des fidèles de tous âges, venus à pied, en bus ou à vélo, qui ont convergé vers ce village de la Petite-Côte devenu symbole de fidélité religieuse. Depuis 1888, année du tout premier rassemblement organisé sous l’impulsion de Mgr Mathurin Picarda et du père Amaun, l’événement s’est transformé en rendez-vous incontournable. Chaque édition réinvente ce lien ancestral entre la foi et la terre, où le chemin vers la Vierge se fait aussi parcours de conscience.
Cette année, la célébration a été marquée par la présence de Mgr Victor Ndione, évêque de Nouakchott. Premier Sénégalais à occuper cette fonction en Mauritanie, il incarne un visage d’unité et de dialogue dans un contexte régional souvent traversé par les tensions confessionnelles. Sa participation donne une portée symbolique forte au thème retenu : “Marie, Mère de l’Espérance, marche avec nous”. Le choix de cet intitulé, loin d’être anodin, résonne comme une invitation à la confiance dans un monde fragmenté, où l’espérance devient un acte de résistance.
Popenguine, miroir d’un Sénégal en quête d’ancrage
Au-delà de sa dimension religieuse, Popenguine reflète une société en mouvement. Le pèlerinage n’est pas qu’un acte de foi ; il est aussi un moment de partage, de retrouvailles, de transmission. Les chants, les processions, les veillées rythment trois jours où les barrières sociales s’estompent. Ce brassage humain autour du sacré agit comme un rappel collectif de ce qui relie, en dépit des différences.
Alors que le pays se débat avec des défis économiques et sociaux croissants, l’affluence au sanctuaire révèle une soif de repères stables. Popenguine devient ainsi un espace-temps où chacun vient retrouver un sens, s’ancrer, voire panser ses doutes.
À l’heure où les foules se dispersent et où les routes reprennent leur silence, il reste dans l’air quelque chose de suspendu. Une prière sans mots. Un élan partagé. Et la promesse de revenir, l’année prochaine, vers cette terre devenue passage et refuge.
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