Aux premières heures de la nuit à Somone, un groupe de six hommes armés a fait irruption dans un enclos de bétail, semant la terreur. Leur cible : des moutons soigneusement élevés pour la Tabaski. Leur méthode : la violence pure. Demba Diallo, gardien des lieux, a été frappé au bras à la machette, avant qu’on ne le force à désigner les bêtes les plus robustes. Loin de céder facilement, il a tenté de résister, au risque de sa vie. Blessé mais déterminé, il a réussi à fuir et à prévenir les autorités. L’intervention rapide de la gendarmerie n’a pas permis de rattraper les assaillants, mais a évité des pertes humaines supplémentaires. Pour Brahim Sow, propriétaire du cheptel, le choc est immense : en pleine période de préparation de la Tabaski, cet acte n’est pas seulement un vol, c’est un coup dur porté à une économie familiale.
Un fléau persistant malgré les promesses officielles
Il y a tout juste un mois, le gouvernement sénégalais avait réuni un conseil interministériel autour de la sécurité de l’élevage. Présidée par le Premier ministre Ousmane Sonko, cette réunion avait conduit à l’annonce de plusieurs mesures de renforcement, notamment en vue de la Tabaski, période où la demande en moutons atteint son pic. Pourtant, l’attaque de Somone révèle les failles persistantes du dispositif. Les éleveurs, notamment ceux en zone semi-urbaine, restent vulnérables face à des bandes organisées, prêtes à agir avec une brutalité inédite. Le sentiment d’abandon gagne du terrain, alimenté par la répétition d’agressions restées impunies. Le vol de bétail, longtemps considéré comme un délit rural, se transforme peu à peu en menace sécuritaire d’envergure.
Des appels à l’autodéfense qui divisent
Face à l’ampleur des violences et à l’inefficacité perçue des dispositifs de protection, la colère monte chez les professionnels de l’élevage. Ismaila Sow, président du conseil de la maison des éleveurs, ne mâche pas ses mots. Pour lui, ce ne sont plus des délinquants, mais des criminels aguerris, prêts à tuer. Il réclame des mesures radicales, parmi lesquelles l’assouplissement des conditions d’accès au port d’armes pour les éleveurs, voire le rétablissement de la peine de mort pour les auteurs de ces actes. Des propositions qui suscitent un vif débat au sein de l’opinion. Si certains y voient une réponse à la hauteur de la menace, d’autres redoutent une spirale de violence incontrôlable. Ce nouvel épisode remet sur la table une question pressante : comment garantir la sécurité des éleveurs sans militariser les campagnes ? En attendant une réponse claire, ceux qui élèvent le bétail pour nourrir les familles lors des fêtes religieuses vivent dans la crainte d’un nouveau coup de machette dans la nuit.



