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Sénégal : une constellation de satellites pour surveiller le territoire depuis l’espace

Pixabay

Le Sénégal vient de franchir un cap symbolique et opérationnel dans son ambition spatiale. Le 5 juin 2025, l’État-major général des Armées (EMGA) et l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES) ont conclu un accord de coopération pour la mise en orbite de la toute première constellation de satellites sénégalais. Ce programme, d’une durée initiale de cinq ans, prévoit le déploiement d’engins spatiaux conçus pour collecter, analyser et transmettre des données stratégiques depuis l’orbite terrestre.

L’objectif est multiple : renforcer la sécurité nationale, optimiser la surveillance environnementale et fournir des outils précis à la planification civile. Ce n’est pas seulement un jalon technologique, mais une manière de doter le pays d’une capacité autonome d’observation et d’action. Pour accompagner cette montée en puissance, le Sénégal bénéficie de l’expertise de Prométhée Earth Intelligence, société européenne spécialisée dans l’imagerie satellitaire, qui participe au co-développement de ces outils d’observation. Loin d’être une simple assistance, cette collaboration vise à bâtir des compétences locales durables, capables de prendre le relais à moyen terme.

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Sécurité, climat et agriculture sous l’œil des satellites

La constellation projetée ne sera pas cantonnée à des usages militaires. Loin des clichés de surveillance secrète, elle doit aussi contribuer à la compréhension fine du territoire. Grâce à une couverture continue du sol sénégalais, les données spatiales recueillies serviront à cartographier les ressources hydrauliques, suivre les phénomènes météorologiques extrêmes et améliorer les systèmes d’alerte face aux catastrophes naturelles.

Les applications civiles promettent également d’importants bénéfices. L’agriculture, secteur vital pour des millions de Sénégalais, pourra tirer parti d’une meilleure anticipation des saisons, de la disponibilité en eau ou de la santé des sols. En zone rurale comme en zone côtière, ces outils permettront aux décideurs de prendre des mesures appuyées par des données concrètes, et non plus de simples projections statistiques. La gestion des forêts, des inondations ou de la pêche artisanale pourrait ainsi basculer dans une nouvelle ère.

Un geste technopolitique dans un espace africain en mutation

Alors que plusieurs pays africains, comme le Nigeria, l’Égypte ou l’Afrique du Sud, se sont déjà dotés de satellites pour divers usages, l’initiative sénégalaise prend une signification particulière. Elle traduit un basculement progressif de la posture d’utilisateur vers celle de concepteur, avec une volonté de structurer une politique spatiale pensée à l’échelle nationale. Ce n’est plus une simple ambition symbolique mais une décision politique avec des retombées concrètes dans la gestion du territoire et la défense des intérêts stratégiques.

En pariant sur la coopération technologique tout en affirmant un cap souverain, Dakar veut s’inscrire durablement dans le paysage spatial africain. Ce choix ouvre aussi la porte à des usages transversaux, à la croisée de la géopolitique, de l’écologie et de la sécurité. Dans un contexte où les données sont devenues un levier d’influence et de développement, la maîtrise de l’observation satellitaire pourrait à terme devenir aussi décisive que l’exploitation du sous-sol ou la possession d’infrastructures terrestres.

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Avec ce projet, le Sénégal ne se contente pas de suivre une tendance technologique. Il engage une transformation structurelle qui pourrait redessiner sa capacité d’anticipation, d’intervention et de résilience. Une révolution silencieuse, mais à haute altitude.

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