Sénégal : une fédération pour professionnaliser la lutte


Le mercredi 18 juin 2025 pourrait marquer un tournant historique pour la lutte sénégalaise. Une réunion stratégique, convoquée par la ministre de la Culture, des Sports et de la Jeunesse, Mme Khady Diène Gaye, est prévue au stade Léopold Sédar Senghor. L’ordre du jour est clair : transformer le Comité National de Gestion (CNG) en une véritable Fédération sénégalaise de lutte. Ce changement attendu depuis des années vise à doter ce sport emblématique d’une structure plus moderne, alignée sur les standards internationaux.

Cette initiative intervient après la publication, en décembre 2024, par le président du CNG, Malick Ngom, de neuf mesures ambitieuses censées renforcer l’organisation de la lutte. Parmi celles-ci figuraient déjà la réforme des compétitions, la régulation du nombre de combats, et la formation des encadreurs. La création d’une fédération apparaît comme une suite logique à ces premières actions, offrant au monde de la lutte les outils pour se structurer comme une véritable discipline professionnelle.


Entre héritage culturel et quête de reconnaissance mondiale

La lutte sénégalaise n’est pas un simple divertissement. C’est un pilier identitaire, un spectacle qui réunit les foules, un creuset de valeurs sociales. Pourtant, elle demeure encore prisonnière d’un statut hybride, entre tradition populaire et profession semi-informelle. En l’absence d’une fédération en bonne et due forme, les athlètes font face à des limites juridiques et administratives qui freinent leur évolution, notamment à l’international.

Face à ce plafond de verre, plusieurs lutteurs s’orientent vers le MMA, plus structuré et reconnu à l’échelle mondiale. Ce phénomène révèle un paradoxe : les talents nationaux, formés dans les arènes sénégalaises, cherchent ailleurs les conditions optimales pour s’épanouir. Doter la lutte d’un cadre fédéral permettrait non seulement de retenir ces talents, mais aussi de favoriser leur rayonnement à travers des compétitions homologuées, des licences officielles et des formations certifiées.


Des attentes fortes pour un virage institutionnel

Au-delà du symbole, la transformation du CNG en Fédération implique une refonte des mécanismes de gouvernance : nouveau statut juridique, responsabilité renforcée, meilleure traçabilité financière, dialogue plus direct avec les instances sportives internationales. Le ministère, en pilotant cette évolution, est attendu sur des actes concrets : publication du décret fondateur, mise en place d’un bureau exécutif élu, et définition d’un plan de développement à moyen terme.

Pour les acteurs du milieu, ce changement représente une opportunité de faire évoluer la lutte au-delà de son image folklorique. Il s’agit de la repositionner comme un levier économique, un espace de formation professionnelle, et un outil de diplomatie sportive. Les semaines à venir seront cruciales pour savoir si cette mutation structurelle se concrétisera, ou si elle restera au stade des promesses répétées.

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