Algérie : le Roi du Maroc lance un ultime appel

Dans son discours du Trône, prononcé le 30 juillet à l’occasion de la fête nationale, le roi Mohammed VI a renouvelé son invitation au rétablissement du dialogue entre le Maroc et l’Algérie, deux puissances régionales aux relations gelées depuis 2021. Le souverain chérifien a réaffirmé sa « politique de la main tendue », insistant sur une volonté de normalisation durable et sans conditions préalables, dans un contexte régional marqué par les tensions sécuritaires, les rivalités diplomatiques et l’échec du projet maghrébin d’intégration.

Un message direct à Alger

Dans une tonalité calme mais déterminée, le chef de l’État marocain a décrit l’état des relations bilatérales comme « regrettable », tout en soulignant que sa position est « claire et constante ». Pour Mohammed VI, les différends actuels ne doivent pas occulter les liens profonds qui unissent les deux peuples, notamment sur les plans linguistique, religieux, géographique et historique. Ce discours s’inscrit dans une ligne diplomatique que le palais royal maintient depuis plusieurs années : celle d’une ouverture déclarée, face à une fermeture persistante du côté algérien.

Le monarque n’a pas éludé la complexité du dossier, mais il a appelé à un dialogue franc, responsable et sincère, qui s’attaquerait de front aux « questions en souffrance » entre les deux voisins. L’offre marocaine se veut globale, dépassant les considérations immédiates pour viser un rééquilibrage durable des relations.

Une stratégie marocaine assumée

Depuis la rupture unilatérale des relations diplomatiques par l’Algérie en août 2021, Rabat a multiplié les gestes d’apaisement. Aucun signe de réciprocité n’a cependant été enregistré, Alger restant sur une position de fermeté, notamment en ce qui concerne le dossier du Sahara occidental, un sujet de friction majeur. La dernière initiative royale s’inscrit donc dans une stratégie d’endurance diplomatique, marquée par des appels réguliers au dialogue sans confrontation verbale ni escalade.

Le choix de rappeler ces positions dans un discours symbolique, écouté et analysé bien au-delà du royaume, montre que le Maroc cherche à maintenir l’espace du dialogue ouvert, tout en transférant la responsabilité de l’impasse actuelle à son voisin oriental. Le roi a d’ailleurs précisé que sa démarche procède d’une « intime conviction », celle de la nécessité d’une convergence maghrébine plutôt qu’une division pérenne.

L’Union du Maghreb en ligne de mire

Au-delà des enjeux bilatéraux, Mohammed VI a réaffirmé son attachement à la relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA), aujourd’hui en état de léthargie institutionnelle. Créée en 1989, cette organisation peine à fonctionner, faute de consensus entre le Maroc et l’Algérie, ses deux piliers géopolitiques. Pour le souverain, la résurrection de ce projet régional passe nécessairement par une implication conjointe de Rabat et Alger, aux côtés des autres États membres tels que la Tunisie, la Libye et la Mauritanie.

Alors que l’Afrique du Nord fait face à des défis économiques, climatiques et sécuritaires croissants, l’absence de coopération entre les capitales du Maghreb constitue un frein structurel au développement régional. L’appel royal souligne, en creux, la pertinence d’un dialogue qui ne serait pas seulement bilatéral, mais régional, pour répondre collectivement aux urgences du moment.

Une fenêtre diplomatique encore incertaine

Si la main tendue de Mohammed VI traduit une volonté de sortie de crise, la réaction algérienne reste, pour l’heure, inconnue. Le pouvoir à Alger, qui privilégie une posture de souveraineté rigide face aux pressions extérieures, n’a pas donné suite aux précédents appels du roi. Toutefois, l’évolution du contexte international, notamment la reconfiguration des alliances en Méditerranée, pourrait redonner une marge de manœuvre à la diplomatie régionale.

1 réflexion au sujet de « Algérie : le Roi du Maroc lance un ultime appel »

  1. le roi fait semblant que la situation géopolitique est stable et normale. Le président Bouteflika en son temps avait dit qu’il ne tendrait pas la main à un traître qui cache derrière son dos un poignard

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