Le Mali reprend le contrôle de deux mines d’or

Riche en or, le Mali figure parmi les pays les plus producteurs de ce métal précieux en Afrique, avec une contribution significative à ses recettes d’exportation. Pourtant, cette abondance n’a pas toujours été synonyme de retombées positives pour l’économie locale. Pendant des décennies, l’exploitation aurifère s’est faite principalement sous l’impulsion de groupes étrangers, souvent avec une participation limitée de l’État et un contrôle faible sur les chaînes de valeur. Cette situation a laissé derrière elle des sites fatigués, des infrastructures abandonnées, et parfois des impacts négatifs sur l’environnement et les populations.

Aujourd’hui, les autorités maliennes changent de cap. Deux anciens sites du secteur, longtemps à l’arrêt, reviennent sous gestion publique. Cette nouvelle dynamique pourrait redéfinir le rapport du pays à ses propres ressources.

Morila et Yatela : deux mines, deux parcours chaotiques

Yatela et Morila ne sont pas des noms inconnus dans le paysage minier malien. Tous deux ont été autrefois des moteurs de production significatifs, avant de s’essouffler sous la gestion d’opérateurs privés. Le site de Morila avait été relancé par une société australienne, mais cette tentative n’a pas duré. En 2022, la mine a de nouveau été fermée, laissant derrière elle des dégâts écologiques et un passif financier important. Yatela, exploitée par des entreprises canadienne et sud-africaine, a cessé ses activités depuis près d’une décennie. Les réserves n’étaient pas entièrement épuisées, mais les conditions économiques avaient rendu son exploitation peu attractive à l’époque.

Plutôt que de laisser ces projets sombrer définitivement, le gouvernement a acté leur reprise en main, dans le but de leur donner une seconde vie. Ces anciens bastions de l’or malien pourraient ainsi, à terme, retrouver une place stratégique dans le tissu économique du pays.

L’État en première ligne, mais sans feuille de route claire

La gestion de ces deux sites sera désormais assurée par une structure publique récemment mise en place : la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali. Cette entité est censée porter la relance de Morila et Yatela. Toutefois, de nombreuses questions restent en suspens. Aucun détail n’a été fourni sur les sources de financement, les partenariats techniques envisagés ou la stratégie opérationnelle.

Le défi est de taille : il faudra non seulement remettre en service des infrastructures dégradées, mais aussi corriger les effets néfastes laissés par les anciens exploitants. Cela implique des investissements importants, une expertise solide, et une vision à long terme.

Au-delà de ces deux cas précis, le Mali semble amorcer une transformation plus large de sa politique minière, dans laquelle l’État ambitionne de devenir un acteur actif plutôt qu’un simple régulateur. Mais pour que cette reprise ne se résume pas à un geste symbolique, il faudra passer des intentions à des résultats concrets. La gestion des prochaines étapes sera cruciale pour évaluer la viabilité de ce nouveau modèle.

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