Maghreb: un pays mise sur des usines pour tourner la page des importations de PVC

Peu visible mais omniprésent, le PVC est devenu un pilier silencieux des constructions modernes. Ce plastique aux propriétés isolantes et durables est utilisé dans la fabrication de fenêtres, de portes, de canalisations ou encore de revêtements. En Algérie, ce matériau était jusqu’à récemment majoritairement importé, grevant la balance commerciale et exposant le pays aux variations des marchés étrangers. La dépendance aux fournisseurs extérieurs touchait particulièrement le secteur du bâtiment, où les besoins en profilés PVC augmentent à mesure que se multiplient les projets de logements, d’équipements publics et d’infrastructures. La disponibilité irrégulière de produits finis freine les chantiers et alourdit les coûts pour les promoteurs comme pour les particuliers.

C’est dans ce contexte que le gouvernement algérien cherche à rééquilibrer les rapports de force économiques en favorisant la production locale de composants industriels de base. L’objectif est double : substituer les importations et transformer certains segments du tissu industriel en moteurs d’exportation. Le PVC n’échappe pas à cette logique, et deux nouvelles usines viennent précisément renforcer cette ambition.

Tiaret, nouveau point d’ancrage de la filière PVC

Dimanche dernier, la zone industrielle de Zaaroura, à Tiaret, a connu une double inauguration qui marque un tournant. Le ministre de l’Industrie, Saïfi Ghrieb, y a ouvert deux unités spécialisées : l’une dans la transformation du PVC, l’autre dans la fabrication de quincaillerie métallique. Ces infrastructures ne visent pas uniquement à alimenter le marché local, mais aussi à positionner l’Algérie comme fournisseur régional de solutions en PVC.

Parmi les nouveaux acteurs industriels, la société Izdihar PVC joue un rôle central. Dédiée à la fabrication de portes et fenêtres en PVC, elle annonce une capacité de production annuelle de 117 000 unités. Ce volume lui permet de viser une couverture intégrale des 58 wilayas, dans un pays où la demande reste soutenue par les programmes de logements sociaux et les chantiers publics. Plus remarquable encore : l’entreprise annonce un taux d’intégration locale de 85 %, ce qui signifie que la quasi-totalité des matières premières et composants sont produits ou transformés sur place. Une rupture nette avec les anciens schémas de dépendance.

Avec un investissement privé de 712 millions de dinars et la création de 87 emplois directs et indirects, Izdihar PVC s’impose comme un exemple d’entrepreneuriat industriel aligné avec les priorités du pays. L’accompagnement des pouvoirs publics est venu renforcer la légitimité du projet : en saluant « le sérieux de l’investisseur », le ministre a exprimé un signal clair en faveur des initiatives ambitieuses, portées par le secteur privé.

Des ambitions locales aux débouchés extérieurs

En misant sur une production de qualité, standardisée et à forte intégration locale, les deux usines inaugurées visent à dépasser leur simple rôle de fournisseurs domestiques. À moyen terme, elles pourraient alimenter les marchés voisins, notamment en Afrique du Nord et dans le Sahel, où les besoins en matériaux de construction fiables et abordables sont en constante hausse.

Le choix du PVC n’est pas anodin : matériau léger, résistant aux intempéries, nécessitant peu d’entretien, il offre un avantage comparatif dans les zones soumises à des contraintes climatiques extrêmes. Grâce à la montée en gamme de l’appareil productif local, l’Algérie pourrait ainsi capter une part de marchés aujourd’hui dominés par des fournisseurs turcs, chinois ou européens.

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