Sénégal : Au moins une décennie sous la dette selon Barclays

Photo : DR

La sonnette d’alarme est tirée par Barclays, et elle résonne avec la gravité d’un compte à rebours financier. Selon la banque britannique, le Sénégal devra patienter près de dix ans pour espérer ramener sa dette publique sous la barre symbolique des 100 % du PIB. Ce diagnostic sévère, relayé par Bloomberg, fait suite à une envolée spectaculaire du taux d’endettement national, passé de 99,7 % en 2023 à 119 % en 2024.

Une augmentation brutale qui propulse le pays au sommet du classement africain des économies les plus endettées. Le choc est d’autant plus rude qu’il balaie les prévisions antérieures, qui tablaient sur une trajectoire descendante à l’horizon 2028. Aujourd’hui, cette échéance paraît optimiste, voire illusoire.

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Une hémorragie budgétaire révélée au grand jour

Quelques jours avant la publication du rapport Barclays, le Premier ministre Ousmane Sonko avait levé un coin du voile sur l’état réel des finances publiques. Dans un discours frontal, il avait révélé que 70 % des recettes de l’État étaient désormais consacrées au remboursement de la dette. Une saignée budgétaire qui, selon lui, empêche tout redéploiement sérieux vers les secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé ou l’emploi. Cette déclaration, loin d’être anodine, permettait de préparer l’opinion à l’annonce d’un plan de redressement économique. Mais avec un tel fardeau structurel, toute stratégie de relance semble aujourd’hui devoir composer avec une équation budgétaire verrouillée. Pire encore, la suspension du programme de 1,8 milliard de dollars par le FMI — consécutive à la découverte de créances non déclarées — compromet l’accès à de nouveaux financements à court terme.

Une décennie pour réparer la confiance

Derrière les chiffres se cache un enjeu plus fondamental : restaurer la crédibilité du pays auprès des bailleurs, investisseurs et agences de notation. Car au-delà du ratio dette/PIB, c’est la transparence des comptes publics qui est aujourd’hui remise en cause. La gestion des dernières années, marquée par des engagements financiers occultes et des déficits sous-estimés, a érodé la confiance internationale.

Pour le gouvernement en place, l’urgence est double : stabiliser la trajectoire budgétaire et reconstruire une réputation abîmée. Cela passera par une gouvernance rigoureuse, des audits réguliers, mais aussi une pédagogie économique capable de faire accepter à la population les sacrifices nécessaires. Car si dix ans sont jugés nécessaires par Barclays pour assainir la dette, ils seront surtout cruciaux pour redéfinir le contrat économique et social entre l’État et ses citoyens.

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