Depuis son arrivée au pouvoir, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye multiplie les initiatives diplomatiques audacieuses. Après une visite stratégique en Chine, suivie d’un déplacement prolongé de son Premier ministre dans le même pays, le chef de l’État poursuit l’élargissement des alliances internationales en s’ouvrant davantage aux États du Golfe et aux pays voisins d’Afrique de l’Ouest. Une dynamique qui reflète une volonté manifeste de rééquilibrer les relations extérieures du Sénégal, au-delà des axes traditionnels, notamment avec la France et l’Union européenne.
Cette réorientation est saluée par de nombreux observateurs comme le signe d’une Afrique plus confiante, autonome et décidée à tracer ses propres trajectoires. Elle met aussi en lumière le recul progressif de la centralité française dans les choix stratégiques de plusieurs pays africains, y compris le Sénégal. La récente réception de cinq chefs d’État africains à la Maison-Blanche par Donald Trump – dont Diomaye Faye – illustre bien cette évolution vers des partenariats multilatéraux plus diversifiés.
Le rappel de Ségolène Royal aux engagements non tenus
C’est dans ce climat de réalignement que Ségolène Royal, ancienne ministre française et ex-candidate à la présidence, a choisi de faire entendre sa voix. Dans une publication diffusée le 9 juillet sur X, elle pointe du doigt le désenchantement croissant des nations africaines à l’égard de la France, accusée de promesses non tenues. Deux sujets particulièrement sensibles sont mis en avant : la restitution des biens culturels africains détenus dans les musées français, et la reconnaissance équitable du rôle des tirailleurs sénégalais dans les conflits mondiaux du XXe siècle.
Ce rappel intervient alors que l’Afrique semble s’éloigner progressivement de la tutelle historique de Paris pour nouer des relations plus pragmatiques avec d’autres acteurs. Le message de Royal n’est pas seulement un plaidoyer mémoriel, il reflète aussi un certain malaise au sein de la classe politique française face à une réalité géopolitique qui lui échappe de plus en plus.
Un tournant stratégique qui oblige la France à se réinventer
Pour Paris, le signal est clair : les anciennes certitudes ne suffisent plus. Le partenariat avec l’Afrique ne pourra se maintenir que s’il se base désormais sur le respect mutuel, l’action concrète et des engagements tenus. L’époque où la proximité historique suffisait à garantir l’influence française est révolue. Ce sont les projets structurants, la transparence et le soutien aux aspirations locales qui pèseront dans la balance.
Le Sénégal, en articulant ses efforts autour du numérique, de l’industrie, du tourisme et de la coopération minière, ouvre des portes que d’autres puissances s’empressent de franchir. La présence active de Diomaye Faye sur la scène internationale témoigne d’une volonté de rupture avec un modèle hérité. Si la France souhaite regagner du terrain, elle devra d’abord reconnaître qu’elle en a perdu.



