Le Sénégal traverse une période économique qui force le gouvernement à revoir toutes ses priorités. Depuis la révélation d’un endettement massif équivalant à 100 % du PIB, confirmée par la Cour des comptes, la pression s’est intensifiée sur les autorités pour trouver des solutions concrètes. Ce lourd héritage, accumulé sous l’ancien régime, pèse désormais sur chaque projet, chaque décision, chaque ligne budgétaire. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui revient d’une mission diplomatique en Chine, a choisi d’affronter cette réalité sans détour.
Ce lundi soir, dans un message vidéo adressé à la nation, il a reconnu que l’État est dans un état de santé critique. L’image utilisée est forte : celle d’un pays « malade » dont la guérison nécessitera des soins profonds et rigoureux. L’exécutif doit désormais faire face à un mur de dettes à refinancer, un déficit qui limite toute marge de manœuvre, et des projets majeurs comme l’autoroute Mbour–Kaolack gelés faute de liquidités. Ce climat tendu explique, selon lui, les réticences actuelles des bailleurs de fonds internationaux, à commencer par le FMI, qui a suspendu plusieurs financements.
Des mesures annoncées pour reprendre la main
Mais plutôt que de se laisser submerger par l’ampleur de la tâche, le chef du gouvernement entend mener une contre-offensive structurée. Un plan de redressement sera présenté dans les prochains jours. Il ne s’agira pas d’un document technocratique, mais d’un ensemble de mesures destinées à mobiliser la nation autour de réformes précises et de sacrifices nécessaires. Ce plan, selon les premières indications données par Sonko, aura pour but de réduire les dépenses publiques superflues, d’assainir les circuits financiers de l’État et de restaurer la confiance des partenaires techniques.
Le choix de la méthode est révélateur : pas de discours grandiloquent ni de promesse irréaliste, mais une volonté de replacer les citoyens au cœur du processus. Les membres du gouvernement seront appelés à aller sur le terrain pour vulgariser les objectifs du plan, écouter les remontées locales et ajuster les politiques en fonction des besoins réels. Cette proximité revendiquée tranche avec les pratiques habituelles et vise à éviter que le redressement ne se résume à des chiffres incompréhensibles pour la majorité.
Restaurer la confiance dans un contexte d’urgence
Le moment choisi pour cette annonce est tout sauf anodin. Le chef du gouvernement a tenu à préciser que son intervention n’était pas motivée par la décision de la Cour suprême confirmant sa condamnation pour diffamation, mais par un engagement pris bien en amont, à la suite de sa tournée asiatique. En procédant ainsi, il cherche à découpler les turbulences judiciaires des choix économiques. Il insiste sur le fait que la mission du gouvernement est claire : relever le pays, quelles que soient les polémiques du moment.
Derrière les statistiques alarmantes, il y a une stratégie : restaurer l’autorité financière de l’État, montrer sa capacité à se réformer lui-même et redonner de la crédibilité à la parole publique. Le Sénégal est à un tournant, et le Premier ministre veut faire de cette crise une opportunité pour corriger des dérives profondes. En promettant un cap précis et un langage de vérité, il engage son équipe et sa réputation sur un terrain où peu s’aventurent : celui de la rigueur assumée.



