Sénégal : Première cohorte de 1000 volontaires de l'agriculture

Dans un pays où la production agricole reste à la merci des aléas climatiques, la saison des pluies est souvent vécue comme un pari à haut risque. Les cultures dépendent d’un cycle court, limité à trois ou quatre mois, ce qui laisse peu de marge d’erreur face à la variabilité météorologique. Cette fragilité structurelle est accentuée par le faible niveau d’industrialisation du secteur agricole, où la mécanisation reste marginale et l’encadrement technique inégalement réparti sur le territoire. C’est dans ce contexte que le le Premier Ministre, Ousmane Sonko, préside aujourd’hui la cérémonie de sortie de la première cohorte de 1 000 jeunes volontaires agricoles.

Ce dispositif, lancé officiellement à la suite du Conseil interministériel du 15 avril 2025 présidé par le Premier ministre Ousmane Sonko, vise à pallier les carences d’encadrement sur le terrain en dotant chaque commune à vocation agricole de deux volontaires. Ces jeunes, issus d’un appel à candidatures qui a enregistré près de 3 000 postulants, formeront une armature humaine au service de la campagne agricole 2025/2026.


Des relais techniques au service des producteurs

La fonction de ces volontaires dépasse largement la symbolique du service civique. Sur le terrain, ils auront pour mission d’appuyer les producteurs dans l’enregistrement numérique, le suivi des intrants subventionnés, l’accompagnement logistique, la collecte de données climatiques, ou encore la diffusion des bonnes pratiques agricoles. En les plaçant au cœur du dispositif opérationnel, l’État entend créer un maillage fin d’assistance rurale, susceptible d’améliorer l’efficacité de la distribution d’engrais, de semences ou de matériel agricole, tout en accélérant la remontée d’informations stratégiques vers les centres de décision.

Le programme « Allo Tracteur », déjà en cours de déploiement, bénéficiera également de ce réseau de proximité. Grâce à ces relais humains identifiables par des équipements spécifiques, les producteurs les plus éloignés devraient pouvoir accéder plus facilement aux services de mécanisation mutualisés. L’objectif est clair : renforcer la souveraineté alimentaire en sécurisant chaque maillon de la chaîne de production, depuis la planification jusqu’à la récolte.


Une étape vers un changement de modèle agricole

Derrière cette mobilisation de volontaires se dessine une stratégie plus ambitieuse : celle d’un agriculture encadrée, outillée et numérisée, où les jeunes jouent un rôle central dans la transformation du modèle productif. L’expérience pourrait, à terme, servir de vivier pour la structuration de futurs corps techniques, en lien avec les agences nationales comme l’ANCAR ou les collectivités territoriales. En créant ce sas entre l’administration agricole et les réalités du terrain, l’État mise à la fois sur l’employabilité des jeunes diplômés et sur l’amélioration du pilotage agricole à l’échelle locale.

La première cohorte, désormais prête à être déployée dans les régions, sera observée de près. Son efficacité dépendra de la qualité de sa formation initiale, de la coordination entre acteurs territoriaux et de la capacité à s’adapter aux spécificités de chaque terroir. Si elle parvient à relever ces défis, cette initiative pourrait préfigurer un nouveau mode de gouvernance agricole plus agile, plus réactif et plus ancré dans les dynamiques communautaires.

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