Sénégal : Siteu, nouvel empereur des arènes, en sursis

Le combat annoncé entre Siteu et Balla Gaye 2 aurait pu s’éteindre avant même de débuter. À quelques jours de l’affrontement prévu le 20 juillet, le lutteur de Lansar faisait face à une suspension de deux ans, prononcée par l’Organisation Régionale Antidopage Afrique Zone II & III. Ce couperet, tombé fin juin, menaçait non seulement ce choc, mais aussi l’avenir immédiat du jeune espoir. Pourtant, contre toute attente, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), saisi en urgence, a renversé la vapeur.

La pression était maximale, aussi bien sur le plan sportif que judiciaire. Siteu, autorisé à combattre grâce à une décision provisoire du TAS rendue publique le 14 juillet, est parvenu à transformer l’incertitude en triomphe. Devant un public nombreux réuni à l’Arène Nationale, il a pris le dessus sur Balla Gaye 2 au terme d’un duel intense et stratégique. Ce succès face à celui que l’on surnommait encore l’« empereur des arènes » n’est pas anodin : il redistribue les cartes dans la hiérarchie de la lutte sénégalaise et donne un souffle nouveau à la carrière du lutteur de Diamaguène.

Un dossier encore ouvert sur le plan disciplinaire

Cette performance est saluée par les amateurs mais une épée de Damoclès demeure suspendue au-dessus de la tête du vainqueur. Le TAS n’a accordé qu’un sursis à l’exécution de la sanction initiale, en attendant que l’affaire soit jugée sur le fond. Si le verdict final lui est défavorable, les conséquences pourraient être lourdes pour le vainqueur du jour.

L’affaire remonte au 24 novembre 2024. Ce jour-là, un agent de l’ONADS (Organisation Nationale Antidopage du Sénégal) s’était présenté pour effectuer un prélèvement dans le cadre d’un contrôle hors compétition. Siteu avait alors refusé de s’y soumettre. Selon les règles en vigueur, ce refus est considéré comme une infraction équivalente à un test positif. La procédure a rapidement été aggravée par un second élément : l’implication présumée de son manager, Max Mbargane, accusé d’avoir volontairement empêché le déroulement du prélèvement. Ce double manquement a conduit à une suspension conjointe du lutteur et de son encadrement, jetant une ombre sur leur participation à toute activité sportive.

C’est cette décision disciplinaire que le TAS a accepté de suspendre temporairement, estimant que l’urgence de la situation justifiait un traitement prioritaire. La levée du verrou juridique a permis au combat de se tenir, mais elle ne constitue en rien un acquittement. Le dossier est toujours en cours d’examen, et une sanction définitive pourrait tomber dans les mois à venir.

Une arène entre tension sportive et pression judiciaire

Le duel entre Siteu et Balla Gaye 2 aura donc été autant une affaire de muscles que de procédures. Dans les jours précédant le combat, le flou régnait : aucun face-à-face officiel n’avait eu lieu, les spéculations sur une annulation gagnaient du terrain, et les promoteurs étaient pris en étau entre leurs engagements contractuels et la crainte d’un désistement de dernière minute. La décision du TAS, arrivée comme une délivrance, a évité un désastre logistique et une frustration populaire.

Mais ce combat n’a pas mis un point final aux incertitudes. Siteu, bien que victorieux sur le sable, reste sous la menace d’une disqualification rétroactive ou d’une suspension future, selon l’issue de l’instruction encore en cours. La lumière projetée sur lui pourrait s’éteindre aussi rapidement qu’elle s’est allumée. Pour l’heure, le trône qu’il semble avoir conquis reste instable : le roi a vaincu, mais le couronnement n’est pas encore scellé.

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