AES : la stratégie des USA pour renforcer leur influence après l'exclusion de la France

Depuis la vague de coups d’État militaires survenue au Mali, au Burkina Faso et au Niger entre 2020 et 2023, la région du Sahel connaît une profonde recomposition de ses alliances. Alors que les relations avec les puissances occidentales se sont tendues, notamment avec la suspension des aides au développement, les États-Unis cherchent désormais à rétablir des liens par le biais d’une diplomatie commerciale centrée sur l’accès aux ressources stratégiques. Cette approche intervient dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires et une quête affirmée de souveraineté.

Une nouvelle approche américaine au Sahel

L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche a marqué un tournant dans la politique américaine en Afrique. Après le gel de l’USAID et la réduction des programmes d’assistance, Washington privilégie désormais le commerce et les investissements dans les secteurs stratégiques. Le mot d’ordre, résumé par un haut responsable du Département d’État à Abidjan en mai dernier, est clair : « Du commerce, pas de l’aide ».

Cette stratégie vise en priorité les pays du Sahel, riches en ressources minières comme l’or, le lithium et l’uranium. Pour faciliter l’accès des entreprises américaines à ces marchés, la Maison-Blanche propose un appui accru à la lutte antijihadiste dans la région. Plusieurs responsables américains se sont rendus récemment à Bamako, Ouagadougou et Niamey, confirmant l’importance croissante de ces négociations.

Des convergences d’intérêts autour des ressources

Les autorités militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger accueillent favorablement ce changement d’orientation. Réunis au sein de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) depuis juillet 2024, ces pays affirment vouloir valoriser leurs richesses minières tout en préservant leur souveraineté. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a salué la « convergence de vues » avec Washington sur la nécessité de renforcer les investissements.

Cette diplomatie économique s’inscrit dans une stratégie plus large de Donald Trump, qui a déjà placé la question des minerais au centre de discussions internationales, notamment avec l’Ukraine et dans le cadre des pourparlers de paix entre le Rwanda et la RDC. Cette orientation pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les entreprises américaines et redessiner les équilibres économiques dans la région.

Le retrait de la France, un tournant géopolitique

Le départ des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023 a marqué la fin de plusieurs accords de coopération sécuritaire établis de longue date. La fin de l’opération Barkhane et la fermeture des bases françaises ont laissé un vide stratégique que Washington cherche désormais à combler. Cette réorganisation des partenariats sécuritaires ouvre la voie à une concurrence accrue entre les États-Unis, la Russie et d’autres acteurs pour l’accès aux ressources stratégiques et l’influence politique dans la région.

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